samedi 31 octobre 2009

Les sociétés fabriquent le corps des humains pour l'acculturer

J'ai acheté ce numéro de Sciences et Avenir il y a deux semaines -non pas pour apprendre ce qu'était le fonctionnement de la recherche universitaire (et, donc, scientifique car c'est ainsi) au Québec car je le sais- mais pour vérifier si les renseignements qui y étaient donnés étaient exacts.
Ils le sont, surtout quand les auteurs des articles sur le sujet insistent sur le fait que le Québec est extrêmement ouvert à l'égard des chercheurs étrangers (en particulier francophones) et quand les chercheurs d'origine françaises qu'ils interrogent leur rapportent que la recherche scientifique n'est pas, au Québec, aux mains de mandarins jaloux qui monopolisent la gloire et l'argent.
Mais ce qui m'a davantage intéressé, c'est le texte qui entourait ce portrait de Fayoum, l'un des six cents portraits funéraires antiques (2e et 3e siècles après Jésus-Christ) que l'on a découverts dans cette région égyptienne située près d'Alexandrie (j'en ai déjà présenté d'autres exemplaires dans ce blogue, ici):

Le texte qui entourait la belle dame, hélas défunte, qui y est représentée est le compte rendu d'un ouvrage collectif intitulé «100 000 Ans de beauté», publié sous la direction d'Élizabeth Azoulay (en 5 volumes) chez Gallimard (et paru le 8 octobre dernier; voyez ci-dessous la photo du volume portant sur l'Antiquité*).
La beauté dont il s'agit est celle du corps humain et l'ouvrage parle des traitements que donnent les sociétés aux corps des hommes et des femmes afin de les acculturer, de le rendre conformes à l'idée qu'elles se font d'un corps humain, à l'idée qu'elles se font de l'«humanité» de ces corps, puisque l'«humanité» des humains, -aussi bien au point de vue du corps qu'au point de vue de l'esprit-, ne leur est pas donnée par la nature mais par la société qui les accueille à la sortie du ventre de leur mère.
Cette citation de Georges Vigarello vous donnera une idée de la profondeur du sujet:

Toutes les modalités du façonnage [du corps] - nourriture, regard, pétrissage, manipulations, scarifications, peintures, contraintes anatomiques, ornementations - différencient et spécifient les groupes et les civilisations. Le corps n'est jamais «nature», on doit le «fabriquer» par quantité de gestes spécifiques à chaque culture qui le rendent définitivement acceptable, sociable, définitivement humain.


* Les autres tomes portent sur la Préhistoire, l'Âge classique, la Modernité, le Futur.

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