C'est l'Arc de Titus à Rome (il date de 81 après Jésus-Christ, 834 de la Fondation de Rome).
Comme celui de Constantin (315 après Jésus-Christ, 1068 après la Fondation de Rome) -qui se trouve plus près du Colisée- il n'a pas été détruit par les Chrétiens.
Si on sait pourquoi ceux-ci n'ont pas détruit l'Arc de Constantin (c'est cet empereur qui a légalisé le christianisme, en échange d'avantages temporels et « éternels »), il faut penser davantage pour concevoir pourquoi ils n'ont pas détruit l'Arc de Titus (ou du moins pourquoi ils ont consenti à sa restauration).
Je vais vous le faire voir.
Un mot d'abord : on élevait un arc de triomphe à celui qui avait remporté une victoire importante, vraiment importante.
Tous les généraux vainqueurs (qu'on nommait, puisqu'ils étaient vainqueurs, « imperator » (« imperatores » au pluriel), origine du mot français « empereur » qui signifiait effectivement en latin « général vainqueur ») avaient droit à un triomphe, à une procession triomphale dans la « Via sacra » jusqu'au temple de Jupiter sur le Capitole, en passant par le Forum.
Mais pas tous à un arc de triomphe.
On représentait, sur une des parois intérieures de l'arc de celui qui le méritait, le général vainqueur debout sur un char, accompagné par une Victoire ailée (ancêtre des anges chrétiens), habillé de l'habit même qui vêtait la statue de Jupiter dans le temple vers lequel cheminait le cortège.
Il était un dieu lui aussi (un esclave lui répétait pourtant à l'oreille : « Souviens-toi que tu es un humain »).
Voici la paroi de l'Arc de Titus où celui-ci est représenté, suivi d'un dessin du 18e siècle qui restaure les éléments détruits par les siècles et la malveillance (peut-être) :
Sur l'autre paroi, on représentait les dépouilles (et, éventuellement, les prisonniers importants) que sa victoire avait valus à Rome et au général.
Voici l'autre paroi de l'Arc de Titus, suivi d'un dessin:
Eh oui ! Vous reconnaissez peut-être cette ménorah à gauche, cette arche d'alliance (peut-être) à droite et les trompettes d'or : Titus triomphait d'avoir pris Jérusalem et d'avoir assisté à l'incendie du Temple* (c'est un fanatique juif délibérément ou un soldat romain accidentellement, malgré les ordres de Titus, qui l'avait fait).
Si les pontifes romains et les Chrétiens n'ont pas détruit l'Arc de Titus c'est que celui-ci avait détruit l'antre de ceux qu'ils considéraient (et ont considéré jusqu'à 1960, donnant au passage naissance à tous les anti-sémitismes et, en fin de compte, au nazisme) comme leurs ennemis mortels, les Juifs, qui leur interdisaient l'accès à ce Temple, alors qu'ils se considéraient, eux, comme les véritables enfants de Yahvé et du Messie que celui-ci avait envoyé sur la Terre pour sauver l'humanité.
Cette destruction du Temple a été effectivement une date importante dans l'histoire de l'Occident (et de l'humanité ?).
Car les Juifs de la diaspora n'avaient plus de lieu où se rendre le plus souvent possible pour faire des sacrifices à Yahvé (il s'agissait d'égorger des animaux ; tant mieux s'ils ne le pouvaient plus, c'était des mœurs horribles) et obtenir le pardon de leur faute.
Ces Juifs pouvaient se détacher de Jérusalem et donner naissance à une partie importante de la culture occidentale (hors christianisme) là où ils se trouvaient, partout ailleurs qu'à Jérusalem.
Par ailleurs, à partir de ce moment de la destruction du Temple, les Chrétiens ont pu se détacher du judaïsme originel et devenir une religion autonome, n'ayant presque plus rien de juif et de ce qui l'empêchait (circoncision, interdiction de consommer le porc, rituels paralysants, etc.) de conquérir les païens et de les convertir. L'incendie du Temple a permis au christianisme de commencer à conquérir le monde.
Vous comprenez quelle était mon émotion en touchant doucement du doigt (je sais, c'est un sacrilège) ces parois.
Je crois que les Romains de l'Antiquité ne comprenaient pas bien ce que signifiait cette victoire de Titus : les contemporains ne saisissent jamais ce que signifie pour l'avenir tel ou tel événement dont ils sont les témoins.
L'Arc de Titus, à l'époque où les papes, les Barbares ou le temps n'avaient pas opéré les destructions dont nous sommes aujourd'hui, pour notre part, témoins, cet Arc était comme dissimulé par les bâtiments qui l'entouraient.
Voyez ci-dessous la maquette de Rome d'André Caron (j'ai placé un point rouge sur l'Arc de Titus).
Je vous en présente trois images, la première contemple l'Arc à partir du Capitole, les deux autres disons du sommet de la statue colossale (tour à tour de Néron puis du Soleil) qui a donné son nom au Colisée :
Voici l'inscription votive de l'Arc :
Cette inscription dit (en latin : « Senatus populusque romanus divo Tito divi Vespasiani f(ilio), Vespasiano Augusto») : « Le Sénat et le peuple romain au divin Titus, fils du divin Vespasien, et à Vespasien Auguste** ».
Ce n'est pas seulement le sénat et le peuple romain (ne vous effrayez pas de cet adjectif au singulier, c'est une règle latine de n'accorder un adjectif qu'avec le dernier substantif d'une énumération et c'est légitime, selon moi, d'importer en français cette règle de notre langue-mère davantage que d'importer des mots ou des constructions syntaxiques d'une langue d'origine barbare) qui sont redevables de quelque chose à Titus, mais tous les Occidentaux, peut-être tous les humains.
Les Pontifes romains et leurs Chrétiens n'ont pas détruit l'Arc de Titus ,ou ont permis sa restauration, parce qu'ils pressentaient que la victoire de Titus sur les Juifs avait permis la leur, plus tard, et la constitution de leur propre empire.
* Il n'est pas le dernier Romain à avoir pris Jérusalem. Soixante ans plus tard Hadrien le fera à son tour mais, lui, il interdira aux Juifs d'y demeurer dorénavant, transformant ainsi tous les Juifs en Juifs de la diaspora. Accroissant ainsi les chances de progrès pour notre civilisation.
** Le véritable titre des maîtres de Rome et de l'Empire romain était César Auguste. Ou « Princeps Senatus » qu'utilise Tacite, « le premier du Sénat ». « Princeps » a donné le mot français «prince».
Seuls des Barbares ignorants ont pu les appeler « empereurs », transformant ce titre en quelque chose d'équivalent (avec une sorte de supériorité hiérarchique) au titre de « roi », honni par les Romains.
Il est comique de voir la reine Victoria d'Angleterre accepter de se voir attribuer le titre d'« impératrice des Indes » afin d'être à la fois « impératrice et reine » comme son petit-fils Guillaume II d'Allemagne (empereur d'Allemagne et roi de Prusse) et son confrère François-Joseph (empereur d'Autriche et roi de Hongrie).
Des titres (ou des couronnes) considéré(e)s comme des colifichets.
J'en reparlerai à propos de l'exposition de « Sa Majesté municipale le Roi de l'Anse » à la Vieille Pulperie de Chicoutimi.
Comme celui de Constantin (315 après Jésus-Christ, 1068 après la Fondation de Rome) -qui se trouve plus près du Colisée- il n'a pas été détruit par les Chrétiens.
Si on sait pourquoi ceux-ci n'ont pas détruit l'Arc de Constantin (c'est cet empereur qui a légalisé le christianisme, en échange d'avantages temporels et « éternels »), il faut penser davantage pour concevoir pourquoi ils n'ont pas détruit l'Arc de Titus (ou du moins pourquoi ils ont consenti à sa restauration).
Je vais vous le faire voir.
Un mot d'abord : on élevait un arc de triomphe à celui qui avait remporté une victoire importante, vraiment importante.
Tous les généraux vainqueurs (qu'on nommait, puisqu'ils étaient vainqueurs, « imperator » (« imperatores » au pluriel), origine du mot français « empereur » qui signifiait effectivement en latin « général vainqueur ») avaient droit à un triomphe, à une procession triomphale dans la « Via sacra » jusqu'au temple de Jupiter sur le Capitole, en passant par le Forum.
Mais pas tous à un arc de triomphe.
On représentait, sur une des parois intérieures de l'arc de celui qui le méritait, le général vainqueur debout sur un char, accompagné par une Victoire ailée (ancêtre des anges chrétiens), habillé de l'habit même qui vêtait la statue de Jupiter dans le temple vers lequel cheminait le cortège.
Il était un dieu lui aussi (un esclave lui répétait pourtant à l'oreille : « Souviens-toi que tu es un humain »).
Voici la paroi de l'Arc de Titus où celui-ci est représenté, suivi d'un dessin du 18e siècle qui restaure les éléments détruits par les siècles et la malveillance (peut-être) :
Sur l'autre paroi, on représentait les dépouilles (et, éventuellement, les prisonniers importants) que sa victoire avait valus à Rome et au général.
Voici l'autre paroi de l'Arc de Titus, suivi d'un dessin:
Eh oui ! Vous reconnaissez peut-être cette ménorah à gauche, cette arche d'alliance (peut-être) à droite et les trompettes d'or : Titus triomphait d'avoir pris Jérusalem et d'avoir assisté à l'incendie du Temple* (c'est un fanatique juif délibérément ou un soldat romain accidentellement, malgré les ordres de Titus, qui l'avait fait).
Si les pontifes romains et les Chrétiens n'ont pas détruit l'Arc de Titus c'est que celui-ci avait détruit l'antre de ceux qu'ils considéraient (et ont considéré jusqu'à 1960, donnant au passage naissance à tous les anti-sémitismes et, en fin de compte, au nazisme) comme leurs ennemis mortels, les Juifs, qui leur interdisaient l'accès à ce Temple, alors qu'ils se considéraient, eux, comme les véritables enfants de Yahvé et du Messie que celui-ci avait envoyé sur la Terre pour sauver l'humanité.
Cette destruction du Temple a été effectivement une date importante dans l'histoire de l'Occident (et de l'humanité ?).
Car les Juifs de la diaspora n'avaient plus de lieu où se rendre le plus souvent possible pour faire des sacrifices à Yahvé (il s'agissait d'égorger des animaux ; tant mieux s'ils ne le pouvaient plus, c'était des mœurs horribles) et obtenir le pardon de leur faute.
Ces Juifs pouvaient se détacher de Jérusalem et donner naissance à une partie importante de la culture occidentale (hors christianisme) là où ils se trouvaient, partout ailleurs qu'à Jérusalem.
Par ailleurs, à partir de ce moment de la destruction du Temple, les Chrétiens ont pu se détacher du judaïsme originel et devenir une religion autonome, n'ayant presque plus rien de juif et de ce qui l'empêchait (circoncision, interdiction de consommer le porc, rituels paralysants, etc.) de conquérir les païens et de les convertir. L'incendie du Temple a permis au christianisme de commencer à conquérir le monde.
Vous comprenez quelle était mon émotion en touchant doucement du doigt (je sais, c'est un sacrilège) ces parois.
Je crois que les Romains de l'Antiquité ne comprenaient pas bien ce que signifiait cette victoire de Titus : les contemporains ne saisissent jamais ce que signifie pour l'avenir tel ou tel événement dont ils sont les témoins.
L'Arc de Titus, à l'époque où les papes, les Barbares ou le temps n'avaient pas opéré les destructions dont nous sommes aujourd'hui, pour notre part, témoins, cet Arc était comme dissimulé par les bâtiments qui l'entouraient.
Voyez ci-dessous la maquette de Rome d'André Caron (j'ai placé un point rouge sur l'Arc de Titus).
Je vous en présente trois images, la première contemple l'Arc à partir du Capitole, les deux autres disons du sommet de la statue colossale (tour à tour de Néron puis du Soleil) qui a donné son nom au Colisée :
Voici l'inscription votive de l'Arc :
Cette inscription dit (en latin : « Senatus populusque romanus divo Tito divi Vespasiani f(ilio), Vespasiano Augusto») : « Le Sénat et le peuple romain au divin Titus, fils du divin Vespasien, et à Vespasien Auguste** ».
Ce n'est pas seulement le sénat et le peuple romain (ne vous effrayez pas de cet adjectif au singulier, c'est une règle latine de n'accorder un adjectif qu'avec le dernier substantif d'une énumération et c'est légitime, selon moi, d'importer en français cette règle de notre langue-mère davantage que d'importer des mots ou des constructions syntaxiques d'une langue d'origine barbare) qui sont redevables de quelque chose à Titus, mais tous les Occidentaux, peut-être tous les humains.
Les Pontifes romains et leurs Chrétiens n'ont pas détruit l'Arc de Titus ,ou ont permis sa restauration, parce qu'ils pressentaient que la victoire de Titus sur les Juifs avait permis la leur, plus tard, et la constitution de leur propre empire.
* Il n'est pas le dernier Romain à avoir pris Jérusalem. Soixante ans plus tard Hadrien le fera à son tour mais, lui, il interdira aux Juifs d'y demeurer dorénavant, transformant ainsi tous les Juifs en Juifs de la diaspora. Accroissant ainsi les chances de progrès pour notre civilisation.
** Le véritable titre des maîtres de Rome et de l'Empire romain était César Auguste. Ou « Princeps Senatus » qu'utilise Tacite, « le premier du Sénat ». « Princeps » a donné le mot français «prince».
Seuls des Barbares ignorants ont pu les appeler « empereurs », transformant ce titre en quelque chose d'équivalent (avec une sorte de supériorité hiérarchique) au titre de « roi », honni par les Romains.
Il est comique de voir la reine Victoria d'Angleterre accepter de se voir attribuer le titre d'« impératrice des Indes » afin d'être à la fois « impératrice et reine » comme son petit-fils Guillaume II d'Allemagne (empereur d'Allemagne et roi de Prusse) et son confrère François-Joseph (empereur d'Autriche et roi de Hongrie).
Des titres (ou des couronnes) considéré(e)s comme des colifichets.
J'en reparlerai à propos de l'exposition de « Sa Majesté municipale le Roi de l'Anse » à la Vieille Pulperie de Chicoutimi.
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