Peut-être cette pensée de Paul Valéry (qui s'y connaissait en goujaterie, me suis-je laissé dire) devrait-elle être méditée par certains commentateurs de ma note consacrée à la «Petite politique de tous les jours» (ici): quand, par politesse, par peur des mots, par aveuglement, par indifférence, on laisse agir les goujats (même polis d'apparence), un jour ou l'autre on se réveille et on découvre la réalité, à savoir que les petits jeux ostentatoires de ces goujats étaient hypocrisie et qu'ils nous ont délesté de nos biens les plus précieux et (parfois) de notre honneur.
Qu'ils ont trahi nos sentiments les plus profonds et nos croyances les plus chères.
Un poème de Constantin Cavafis pour souligner tout cela, l'amour qui, comme la vérité qui transcende l'ordurier, transcende le sordide:
Η κάμαρα ήταν πτωχική και πρόστυχη,
κρυμένη επάνω από την ύποπτη ταβέρνα.
Aπ’ το παράθυρο φαίνονταν το σοκάκι,
το ακάθαρτο και το στενό. Aπό κάτω
ήρχονταν η φωνές κάτι εργατών
που έπαιζαν χαρτιά και που γλεντούσαν.
Κ’ εκεί στο λαϊκό, το ταπεινό κρεββάτι
είχα το σώμα του έρωτος, είχα τα χείλη
τα ηδονικά και ρόδινα της μέθης —
τα ρόδινα μιας τέτοιας μέθης, που και τώρα
που γράφω, έπειτ’ από τόσα χρόνια!,
μες στο μονήρες σπίτι μου, μεθώ ξανά.
La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée au-dessus de la taverne louche.
Par la fenêtre on apercevait la ruelle,
étroite et sordide. D'en bas montaient
les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et qui s'amusaient.
Et là, sur l'humble lit plébéien,
j'ai possédé le corps de l'amour, j'ai possédé les lèvres
voluptueuses et rouges de l'ivresse —
rouges d'une telle ivresse qu'en ce moment même
où j'écris après tant d'années!
dans la solitude de ma maison, j'en suis de nouveau enivré*.
* Traduction par Dominique Grandmont pour la collection Poésie/Gallimard.
Qu'ils ont trahi nos sentiments les plus profonds et nos croyances les plus chères.
Un poème de Constantin Cavafis pour souligner tout cela, l'amour qui, comme la vérité qui transcende l'ordurier, transcende le sordide:
Μια Νύχτα
Η κάμαρα ήταν πτωχική και πρόστυχη,
κρυμένη επάνω από την ύποπτη ταβέρνα.
Aπ’ το παράθυρο φαίνονταν το σοκάκι,
το ακάθαρτο και το στενό. Aπό κάτω
ήρχονταν η φωνές κάτι εργατών
που έπαιζαν χαρτιά και που γλεντούσαν.
Κ’ εκεί στο λαϊκό, το ταπεινό κρεββάτι
είχα το σώμα του έρωτος, είχα τα χείλη
τα ηδονικά και ρόδινα της μέθης —
τα ρόδινα μιας τέτοιας μέθης, που και τώρα
που γράφω, έπειτ’ από τόσα χρόνια!,
μες στο μονήρες σπίτι μου, μεθώ ξανά.
Une Nuit
La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée au-dessus de la taverne louche.
Par la fenêtre on apercevait la ruelle,
étroite et sordide. D'en bas montaient
les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et qui s'amusaient.
Et là, sur l'humble lit plébéien,
j'ai possédé le corps de l'amour, j'ai possédé les lèvres
voluptueuses et rouges de l'ivresse —
rouges d'une telle ivresse qu'en ce moment même
où j'écris après tant d'années!
dans la solitude de ma maison, j'en suis de nouveau enivré*.
* Traduction par Dominique Grandmont pour la collection Poésie/Gallimard.
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