dimanche 31 janvier 2010
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire
Version originale de cette «plainte» de Robert Benchley: «It took me fifteen years to discover that I had no talent for writing, but I couldn't give it up because by that time I was too famous».
Je ne sais pas si cette «plainte» s'applique vraiment à Robert Benchley lui-même, mais elle s'applique en tous cas, selon moi, à des auteurs (remarquez que je n'ai pas dit «écrivains») comme Dan Brown ou Marc Lévy dont les romans, tellement mal écrits malgré leurs ventes prodigieuses, sont orientés exclusivement vers le cinéma, mais un mauvais cinéma, du pire Hollywood (il y a certainement un pléonasme ici car de nos jours et depuis longtemps «Hollywood» est égal à «pire»).
La plainte s'applique sans doute aussi à bien des écrivains de province qui s'acharnent à écrire malgré la Muse.
L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
De tout temps rencontré de zélés partisans;
Et, pour finir enfin par un trait de satire,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.Nicolas Boileau, Art poétique, chant I
La « manu divina »
Je voulais vous dire que, pour diverses raisons et à tort ou à raison, c'était le seul sultan ottoman qu'on sentait (un peu) moins étranger à notre culture que ses prédécesseurs et ses successeurs.
Mais je suis tombé sur ces dessins que vous voyez ci-dessus.
Et j'ai décidé ce matin, avant de partir au gym, comme tous les dimanches, de vous présenter plutôt ceux-ci.
Ce sont de magnifiques représentants de l'art calligraphique musulman, et particulièrement turc.
Ils représentent tous trois la « tuğra » de Soliman le Magnifique.
Une « tuğra » est à la fois une signature et autre chose.
Celle qu'il y a là-haut en trois exemplaires signifie (je pense que c'est en turc mais le mot « bin », dont je sais qu'il signifie « fils » en arabe, me fait douter, c'est peut-être en arabe): « Süleyman Han bin Selim muzaffer daima ». En français, « Soliman Khan fils de Sélim victorieux à jamais ».
Ce que j'ai lu à propos de la « tuğra » me donne à penser que c'est un peu la même chose que ce que la chancellerie et les sujets des derniers empereurs romains -en même temps que premiers empereurs byzantins, ceux qui, parmi ceux-ci, parlaient encore latin-, appelaient « manu divina », la « main divine ».
Plus précisément « par la main divine ».
Cette « main » se voyait attribuer l'épithète « divine » malgré le fait que ces empereurs étaient chrétiens et, donc, n'étaient plus des dieux comme les empereurs romains avant Constantin.
Mais, avec la bénédiction des autorités chrétiennes, déjà, à l'époque, entièrement soumises au pouvoir des dictateurs pourvu que ceux-ci se prétendent chrétiens, ces empereurs se prévalaient encore du titre de « divin » et, au fond d'eux-mêmes, se croyaient d'essence divine (comme tous les dictateurs et monarques absolus).
Leur « main » aussi, c'est-à-dire les quelques mots accompagnés de leur nom qu'ils traçaient sur les documents et proclamations qu'ils daignaient adresser à leurs sujets, était « divine », « manu divina ». Ce nom et ces mots étaient écrits « par la main divine », originaient de la « main divine ».
Je crois que la « tuğra » était aussi un peu cela.
Et c'est la raison pour laquelle je voulais surtout vous présenter celle de Soliman.
Je vous reparlerai un jour de ce sultan (j'ai entrevu la mosquée -la Süleymaniye- près de laquelle se trouve son tombeau à Istanbul, ainsi que celui de sa femme, la sultane Roxelane, la seule sultane ottomane de plein titre qu'il y ait eu pendant plus d'un demi-millénaire).
samedi 30 janvier 2010
Les couleurs des temps antiques
Je vous ai déjà présenté quelques éléments de ce numéro des «Cahiers de Science et vie» (consacré à l'Acropole d'Athènes), ici.
J'en ai numérisé d'autres après-midi afin de vous faire voir les couleurs qui étaient celles de l'Acropole en général (c'est-à-dire des différents bâtiments qui s'y trouvaient à l'apogée d'Athènes) et du Parthénon en particulier, ce temple qu'en français on pourrait appeler «Temple de la Vierge» puisque «parthenos» signifie «vierge» en grec (cela vous rappelle sans doute quelque chose*).
Voici une vue générale de l'Acropole reconstitué: c'est un dessin du 19e siècle qui occupe une double page dans ce numéro des «Cahiers» (d'où la barre sombre au milieu) que j'ai débarrassé des notes et des titres qui empêchaient de le voir vraiment. Remarquez bien toutes les couleurs qui rehaussent temples et statues:
Et voici un zoom sur le Parthénon afin que vous puissiez voir ses couleurs (c'est un dessin, rappelez-vous):
Et voici un zoom sur son coin supérieur droit.
Vous pouvez avoir une idée de la palette des couleurs que les Anciens utilisaient sur leurs temples. Remarquez que ces couleurs n'étaient utilisées que sur les parties supérieures de ceux-ci ainsi que des colonnes:
Ainsi, comme vous les voyez, les bâtiments anciens n'étaient jamais monocolores comme leurs imitations néo-classiques ou «Greek Revival» l'ont été.
* C'est en effet l'équivalent des cathédrales ou églises «Notre-Dame» du Moyen Âge et de l'Époque moderne. Les Grecs, comme les Médiévaux, vénéraient les déesses vierges.
Chi va presto va lontano
Peut-être devra-t-on maintenant prévoir des équipements pour la pratique de ces activités comme ceux que l'on prévoit pour les activités sportives.
Ou, peut-être, devrait-on écourter ces activités et revenir aux « saines » pratiques de nos ancêtres du paléolithique, plus près de la nature, et qui réduisaient au strict minimum la durée des ébats.
Il me semble que, comme on dirait en italien (et dans l'interprétation des pièces musicales) et contrairement à la maxime habituelle: « Chi va presto va lontano* » et prépare une longue vie à ses poignets.
(L'article de Zigonet est ici mais il est en totalité ci-dessus si vous cliquez l'image pour mieux lire le texte).
* La maxime habituelle est « Chi va piano, va lontano » (« Qui va lentement, va longtemps » ou « Qui veut voyager loin ménage sa monture »). La maxime nouvelle et contraire que je suggère pourrait se traduire ainsi: « Qui veut voyager longtemps doit faire des voyages brefs et vite faits »).
vendredi 29 janvier 2010
Les momies de «Spécial du jour»
À l'occasion d'un reportage sur les momies égyptiennes à l'émission «Découvertes» dimanche dernier, Denise Pelletier parle (ici) de la passionnante exposition consacrée au même sujet, toujours en cours au Musée de la civilisation à Québec (jusqu'au mois d'avril prochain).
Tarifs de l'amour vénal en 1915
J'ai longtemps hésité avant de vous présenter ce tableau de 1915 des tarifs de Mademoiselle Marcelle Lapompe (nom convenant bien au métier, vous verrez), que j'ai trouvé par hasard sur la Toile.
Par peur d'apparaître vulgaire.
Mais le désir que j'ai de vous faire connaître la vérité historique l'emporte (ainsi que le désir de vous faire imaginer quelques-unes des pratiques sexuelles tarifées en France à l'époque de la Première Guerre Mondiale).
Peut-être les soldats québécois qui combattaient alors en France contre les Allemands et qui paraissent, par exemple, dans «À la recherche du temps perdu», avec, écrit Proust, leur accent si doux (celui de l'ancienne France), ont-ils bénéficié des services de Mademoiselle Lapompe (ou de l'une de ses dévouées compagnes de travail) avant d'aller mourir seuls, loin de leur pays, dans les tranchées.
Je pense qu'il faut faire correspondre les prix indiqués en francs 1915 aux prix en euros (ou en dollars états-uniens peut-être) d'aujourd'hui.
Voici chaque colonne du document affichée individuellement pour faciliter encore la lecture, si instructive, me semble-t-il:
Jolis petits dinosaures
Et je suis content d'apprendre (ici) que ce sont les ancêtres dinosaures des oiseaux (les théropodes) qui leur ont transmis leurs vêtements de plumes et les couleurs de celles-ci.
J'aime bien le pépiement des dinosaures au printemps et j'ai bien hâte au retour de ces charmants animaux ailés dans deux ou trois mois.
(Mais j'y pense, nous en mangeons aussi des dinosaures quand nous mangeons, par exemple, du poulet: je ne sais pas s'il restera des descendants des cruels humains dans soixante millions d'années).
Et demain ?
Et demain ?
Hier, je fus cheval
Avant-hier oiseau
Encore avant poisson
J’ai galopé dans la prairie
J’ai volé dans le ciel
J’ai nagé dans la mer
Aujourd’hui, je marche sur la terre
Je regarde le monde
Et je reconnais
L’herbe de la prairie
Les nuages du ciel
Les vagues de la mer
Je rêve et je me souviens
De ce que je suis
Le passé et le présent
C'est l'anniversaire de la fondation de l'Académie française en 1635 à l'instigation du cardinal de Richelieu.
Les gens de droite, genre Bush, genre Reagan, genre Thatcher, genre banquiers et courtiers de Wall Street -qui sont ennemis de l'État comme source de règlementations et de lois- déblatèrent contre elle: partout ils sont en faveur du laisser-faire qui amènent la ruine des économies (et des sociétés) et le triomphe des fraudeurs.
La langue étant le principal instrument de communication d'une société, elle a besoin d'être policée (comme on disait au 17e siècle) et elle a besoin de voir son développement favorisée.
Je ne sais pas si l'Académie a bien joué son rôle au cours de l'histoire (je ne pense pas) mais, si j'en juge par ce qu'elle a fait dans les années récentes, elle est trop lente et trop franco-française.
La langue française est celle de plusieurs pays maintenant, sur tous les continents, et l'Académie ne prend en considération que la France et, à la limite, l'Europe.
Elle est peu réactive devant les nouvelles réalités et a peu d'imagination.
C'est une institution protocolaire composée de personnes trop vieilles pour jouir encore d'un haut degré de créativité.
Je préfère, quant à moi, la créativité, l'inventivité et la modernité (et la rapidité) de l'Office de la langue française du Québec: c'est au Québec, me semble-t-il, que le français est une langue moderne, apte à faire concurrence à l'anglais pour nommer le monde d'aujourd'hui et de demain et non le conservatoire des gloires passées.
L'Académie française est trop compassée pour être moderne.
Mais je me suis laissé emporter: je désirais vous parler de l'Académie française seulement pour vous faire voir la coupole de l'Institut, que j'aime beaucoup: il me semble y avoir une parenté entre elle et la plus récente coupole néo-classique du Marché Bonsecours à Montréal (voyez la photo ci-dessus).
Voici un zoom sur la coupole de l'Institut (conçue, comme le bâtiment, par Le Vau):
jeudi 28 janvier 2010
La «Vierge des Tanneurs» à Aix-en-Provence
On disait que ces Vierges avaient remplacé les divinités païennes à ces emplacements et qu'elles témoignaient de la même « piété » (c'était, selon Virgile, la principale qualité d'Énée, l'ancêtre des Romains) chez les Romains de tous les temps quelle que soit leur religion.
Je me suis souvenu qu'à Aix-en-Provence il y avait aussi de ces Vierges dans des emplacements similaires qui témoignaient sans doute de la même « piété » que celle qu'éprouvaient les habitants de Rome mais qui témoignaient aussi qu'Aix-en-Provence avait été fondée par les Romains (particulièrement le consul Sextius) et que ses habitants étaient, à l'origine et jusqu'à la fin de l'Empire, des Romains.
Personne n'aurait pu avec vérité leur citer le vers de Corneille,
que la mère de Marcel Proust citait à son fils pour l'inviter à être courageux car les Aixois étaient des Romains comme tous les habitants de l'Empire depuis Caracalla.
Il y avait une de ces statuettes au coin de la rue des Tanneurs (où nous avons habité un an au 21) et de la rue Espariat, du côté opposé à celui de l'église du Saint-Esprit.
Nous passions devant elle chaque jour, de retour des cafés du Cours Mirabeau ou du marché ou de quelque excursion dans les librairies et les magasins, voire de nos séminaires à l'Université.
Voici des photos de cette « Vierge des Tanneurs » prises à partir de parcours générés par Google Street View (cliquez les images pour mieux les voir) :
Au centre le début de la rue des Tanneurs
à partir du coin Espariat,
avec le véhicule garé sur le trottoir,
peste des villes françaises.
À droite, le mur blond de l'église du Saint-Esprit.
C'est la même Vierge au centre droit
mais vue de la rue Espariat
(au centre, cette rue vue en perspective)
avec les portes de l'église du Saint-Esprit à droite.
Adieu à l'auteur de «The Catcher in the Rye»
Deux citations pour saluer celui (c'est Salinger, n'est-ce pas? qui vient de mourir aujourd'hui) dont le livre (L'Attrape-cœurs en français) m'a appris, à l'adolescence, qu'on pouvait penser au sexe, qu'on pouvait penser en termes vulgaires tout en étant intelligent et qu'on pouvait se laisser aller à être ce qu'on est, sans remords.
La première citation ( dans la langue originelle d'abord puis dans une traduction proposée) porte un jugement sur le spectateur ou le lecteur d'une œuvre:
You take somebody that cries their goddam eyes out over phoney stuff in the movies, and nine times out of ten they're mean bastards at heart.
Les gens qui pleurent à s'en fondre les yeux en regardant un film à la guimauve, neuf fois sur dix ils ont pas de cœur.
La deuxième citation est une description de l'état d'âme de l'artiste:
The worst thing that being an artist could do to you would be that it would make you slightly unhappy constantly.
La pire chose qui pourrait vous arriver si vous étiez un artiste ce serait d'être un peu malheureux tout le temps.
L'Entrejambe et les fesses
(J'ai des doutes à propos des motifs véritables de la journaliste, laquelle, par ailleurs, me semble d'une effronterie et d'une vulgarité difficilement supportables).
Et il y avait ceci (il s'agit de la sentence d'un procès à propos de tapes sur les fesses):
La Cour suprême italienne annule le verdict d'un tribunal contre un homme jugé coupable de harcèlement après la plainte d'une collègue de bureau. La Cour suprême estime que rien ne prouve que le fautif avait agi dans un esprit lubrique. Toute tape sur les fesses est admissible, à condition qu'il s'agisse d'un incident isolé et réponde à une impulsion.
Deux évènements qui se sont passés en Italie,
Je suis comme obligé d'écrire qu'il me semble que non seulement la vulgarité existe dans ce pays comme ailleurs dans le monde chez les gens vulgaires (vous en connaissez, j'en connais, nous en connaissons tous, parfois nous sommes nous-mêmes vulgaires) mais qu'elle est en quelque sorte érigée en code de conduite sociale acceptable par les juges de sa Cour suprême.
Ont-ils été nommés par Berlusconi?
Sinon, est-ce que tout ce que l'Italie compte comme « sommité » est de la trempe de ces juges et de Berlusconi?
Et de cette journaliste?
Ou suis-je d'une trop grande distinction, qui doit cacher bien des vulgarités refoulées?
Il est vrai que le sieur Beckham n'est pas avare de son anatomie et qu'il excite (entre autres) les mains palpeuses de ses admiratrices en leur cachant toujours l'essentiel de ce qu'elles admirent en lui (l'une de mes grands-mères appelait cela « le principal » et l'autre ne parlait jamais de ces choses).
Voyez certaines photos que laisse publier de lui le joueur-vedette:
Quelqu'un voulait voir la photo qui avait fait saliver la journaliste italienne et télécommandé sa main « palpeuse », la voici:
mercredi 27 janvier 2010
IPad, iPod, IPid, iPed, IPud, iPyd...
C'est la sortie de l'iPad.
(Intéressante cette déclinaison: iPod, iPad. Y aura-t-il iPed, iPud, iPid, iPoud, etc. ?).
Le voici:
Je suis technophile, comme je le disais à des amis Facebook. Je devrais me réjouir extrêmement.
Mais comme je l'écrivais pour filer mes confidences, je suis (ou me sens comme) un dinosaure car je n'aime que l'ordinateur, et que le Macintosh en plus, et que dans ses versions les plus récentes en plus.
Je n'ai pas d'iPod, ni «nano», ni «touch», comme les autres membres de ma famille.
Quant aux livres électroniques et aux bouquineurs, je n'en ai pas encore senti le besoin.
J'aime les livres de papier.
Mais je peux lire d'assez longs textes sur un écran.
Je pourrais m'accommoder du livre électronique et de l'iPad comme bouquineurs.
Mais à condition que les livres électroniques (des «livrels» sur le modèle du mot québécois «courriels»?) ne prétendent pas remplacer les livres, seulement s'ajouter à eux.
Que le «livrel» ne prétende pas être un «livre plus», comme l'imagine le maire d'une petite ville du bout du monde qui «pense» que le dernier livre paru est le meilleur et qui ne lit qu'en anglais pour cette raison.
Seulement autre chose qu'un livre.
Qui permet des choses que ne permet pas le livre papier.
Mais qui laisse exister le livre et ses odeurs et son toucher. Et son grain.
(L'article est ici).
Œuvre, interprète, lecteur
Le blogue de Dario Larouche (ici), dans un billet publié aujourd'hui et intitulé «L'Anthropologie théâtrale», fait une réflexion à partir d'un texte d'Eugenio Barba (ou, en anglais, ici) qui affirme que «[l]e théâtre est l'art du spectateur».
Cette affirmation est très intéressante (ainsi que la réflexion) puisqu'il me semble (comme il a semblé à beaucoup de personnes qui réfléchissent sur l'art) que le spectateur d'une œuvre est toujours le maître de l'interprétation, -l'artiste, le créateur, l'«interprète» (je pense à la musique mais ici c'est particulièrement significatif ce nom d'«interprète» puisque l'exécutant d'une pièce musicale est toujours un lecteur) n'étant que le premier lecteur de son œuvre, je veux dire chronologiquement.
Ce billet est ici.
Nature et société
Dans chaque numéro de «Science et Vie» trois questions sont adressées à un chercheur, un savant ou un spécialiste.
Ces trois questions sont:
1. Qu'est-ce qui vous a déjà fait changer d'avis?
2. De quoi êtes-vous sûr sans qu'il soit possible de le démontrer?
3. Qu'est-ce qui vous paraît important et dont on ne parle jamais?
Dans le numéro de janvier 2010, ces trois questions sont posées à Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France.
Toutes ses réponses sont intéressantes (je vous y renvoie) mais la réponse à la troisième l'est particulièrement parce qu'elle souligne que l'homme ne sait rien naturellement, que la Nature le laisse entièrement aux mains de la société, même pour lui apprendre les gestes les plus fondamentaux, ceux qui semblent les plus naturels, par exemple «comment se reproduire?».
C'est cela la principale différence entre les humains et les animaux. Ceux-ci sont favorisés par la Nature qui leur a inculqué l'essentiel de ce qui est nécessaire pour survivre et perpétuer leur espèce. Pas les humains.
Je vous retranscris cette réponse tant elle me semble importante:
Il faudrait faire savoir que chez l'humain, l'acte sexuel, la copulation, ne relève pas, comme l'a montré Serge Wunsch, de l'inné mais de l'acquis. Chez l'animal, le comportement de reproduction est gouverné par la production et la perception de phéromones ainsi que par la lordose (cambrure de la femelle et présentation du vagin), ce qui n'est pas le cas chez l'humain qui sécrète vraisemblablement peu de phéromones et qui ne peut les percevoir que très difficilement (disparition de l'organe voméronasal). Sans les informations glanées par l'observation des animaux, les discussions ou les productions culturelles (livres, films, photos), les humains ne sauraient tout simplement pas comment faire pour se reproduire. De nombreuses situations d'échec, souvent attribuées à des troubles psychologiques, viennent parfois simplement de ce manque d'information.
Fin de la censure, de n'importe quelle censure s'il vous plaît, les humains ont besoin d'avoir accès à ce qu'on s'imagine devoir censurer, simplement pour pouvoir agir en humain.
Voici la page couverture du numéro de janvier 2010 de «Science et vie» (ce lien conduit au site du magazine):
mardi 26 janvier 2010
Tout est sensible
Aujourd'hui, en 1855, un autre poète, amant de la langue et de la culture allemandes (il a traduit le Faust de Goethe et d'innombrables poèmes des poètes romantiques allemands dont Henrich Heine, voir billet précédent), Gérard de Nerval, s'est suicidé à Paris.
J'ai déjà cité dans ce blogue un ou deux vers du sonnet «Vers dorés», dédié à Pythagore, un des inventeurs du concept du «Nombre d'or» et qui a lui-même écrit des «Vers d'or» qui sont un peu les commandements du paganisme.
(Étant Grec et par conséquent rationnel -certains Grecs l'étaient en son temps- il n'a pas prétendu que ces commandements lui avaient été dictés par un dieu et il n'est donc pas coupable d'avoir fondé une religion)
Je vous présente ce sonnet de Nerval qui plaide pour l'égalité et la dignité de tous les êtres, pas seulement des humains:
VERS DORÉSEh quoi ! tout est sensible !
Pythagore.
Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant:
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose;
Un mystère d’amour dans le métal repose;
«Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est[puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie:
À la matière même un verbe est attaché…
Ne le fais pas servir à quelque usage impie!
Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché;
Et comme un œil naissant couvert par ses[paupières,Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres!
Ce qui résiste au feu impie
C'est un poète romantique allemand, plus précisément prussien, ce qui n'est pas une qualité (selon mon opinion).
Mais on ne naît pas comme on veut (ou plutôt comme on l'aurait voulu) et il s'agit de ne pas agir comme on est né si notre nationalité de naissance est honteuse, ce qui est le cas ici, selon moi.
Au 20e siècle, sous Hitler, la famille de von Arnim donnera naissance à deux von Arnim généraux nazis.
Disons que le poète n'y pouvait rien et qu'il a d'avance racheté les œuvres impies de ses arrières-petits-neveux par ses propres œuvres littéraires.
D'autant plus qu'Henrich Heine, dont les œuvres seront plus tard brûlées par les Nazis * (ce grand poète était juif allemand), l'aimait et a merveilleusement traduit quelques-uns de ses poèmes en français.
Je voudrais le souligner : il est extrêmement difficile pour un traducteur de traduire à partir de sa propre langue maternelle vers une langue étrangère, comme l'était le français pour Heine.
Qu'Heine l'ait fait pour von Arnim montre l'étendue de son admiration (il était si méticuleux qu'il traduisait même le nom du poète et l'appelait « Achim d'Arnim », respectant ainsi l'esprit traditionnel du français, qui traduit aussi les noms propres, «Londres» pour «London», par exemple. Mais cet esprit s'est bien perdu aujourd'hui, hélas !).
Le tour de force est d'autant plus grand qu'Heine a traduit le poème en vers de 7 syllabes (des heptasyllabes).
Voici le poème, lequel est fondé sur un procédé très intéressant : dans chacune de ses strophes, il semble s'adresser à quatre éléments différents: un lys (strophe 1); un cèdre (strophe 2); un nuage (appelée nue, strophe 3); une flamme (strophe 4); mais le poème affirme que la flamme, allumée par l'éclair surgi du nuage, brûle lys et cèdre (et les frères de ceux-ci).
Ce qu'il y a dans les deux dernières strophes anéantit ce qu'il y a dans les deux premières.
Les généraux von Arnim et leurs maîtres nazis n'ont pas réussi, quant à eux, à anéantir l'œuvre d'Achim von Arnim, ni celle d'Henrich Heine.
Lys superbe, lys superbe,
Avec l’air d'un jeune roi,
Tu te balances dans l’herbe ;
Lys superbe, lys superbe,
Nul n'est plus brillant que toi !
Cèdre grand, cèdre sublime,
Tu montes jusques aux cieux ;
Mais au-dessus de ta cime,
Cèdre grand, cèdre sublime,
Plane l’aigle aventureux.
Nue épaisse, nue hardie,
Tu passes l’éclair au flanc,
Et promènes l’incendie,
Nue épaisse, nue hardie,
Sur le bois et sur le champ.
Flamme sainte, flamme altière,
Que de lys jetés à bas,
Que de cèdres en poussière !
Flamme sainte, flamme altière,
Sais-tu toi-même où tu vas ?
* Heine avait prédit ce qui se passe dans un pays où on brûle des livres : « Ce n'était qu'un prélude : là où l'on brûle les livres, on finit par brûler les hommes ». (« Das war ein Vorspiel nur, dort wo man Bücher verbrennt, verbrennt man auch am Ende Menschen »).
Question de sport?
Je pars au gym tout à l'heure, comme tous les mardis, et avant de partir je tombe sur une anecdote à propos de Winston Churchill.
À quelqu'un qui lui demandait les raisons pour lesquelles il avait atteint un si grand âge et quel était le secret de sa forme (il mourra à 90 ans), Churchill répondit:
Quand on pense à ce qu'il consommait comme whisky et comme cigares, on se dit qu'on a pris la mauvaise voie en s'entraînant comme on le fait depuis presque trente ans, sans jouir pour cela d'une forme extraordinaire.
On se met aussi à douter de la pertinence de la remise en question révolutionnaire de l'hérédité des charges et des titres.
Churchill était un descendant en ligne directe du duc de Malborough -le célèbre Marlbrough de la chanson de folklore française et le vainqueur de quelques-uns des maréchaux potiches de Louis XIV- et il tenait peut-être son génie de la guerre de ce lointain ancêtre (le génie a sauté plusieurs générations, il faut cependant le remarquer).
Et peut-être tenait-il sa forme de sa longue lignée de guerriers et de ducs.
Ou peut-être (plus certainement, car celle-ci se transmet sans doute moins bien que le génie) sa forme tenait-elle à un heureux hasard dont nous n'avons pas, pour notre part, bénéficié.
Quoi qu'il en soit, on l'envie un peu, lui et cette forme qui s'ajoutait à son génie particulier.
Espérons qu'en chantant la très longue chanson de Marlbrough la forme nous viendra (remarquez que la chanson relève de la pensée magique car le duc de Malborough n'est pas mort à la guerre):
Marlbrough s'en va-t-en guerre,
Mironton, mironton, mirontaine,
Marlbrough s'en va-t-en guerre,
Ne sait quand reviendra (trois fois)
Il reviendra z'à Pâques,
Mironton, mironton, mirontaine,
Il reviendra z'à Pâques
Ou à la Trinité (trois fois).
La Trinité se passe,
Mironton, mironton, mirontaine,
La trinité se passe,
Marlbrough ne revient pas (trois fois).
Madame à sa tour monte,
Mironton, mironton, mirontaine,
Madame à sa tour monte
Si haut qu'elle peut monter (trois fois).
Ell' voit venir son page,
Mironton, mironton, mirontaine,
Ell' voit venir son page
Tout de noir habillé (trois fois).
Oh page, mon beau page,
Mironton, mironton, mirontaine,
Oh page, mon beau page,
Quell' nouvelle apportez (trois fois)?
Aux nouvell' que j'apporte
Mironton, mironton, mirontaine,
Aux nouvell' que j'apporte,
Vos beaux yeux vont pleurer (trois fois).
Quittez vos habits roses,
Mironton, mironton, mirontaine,
Quittez vos habits roses
Et vos satins brochés (trois fois)!
Prenez la robe noire,
Mironton, mironton, mirontaine,
Prenez la robe noire
Et les souliers cirés (trois fois).
Monsieur d'Marlbroug est mort,
Mironton, mironton, mirontaine,
Monsieur d'Marlbrough est mort,
Est mort et enterré (trois fois).
L'ai vu porter en terre,
Mironton, mironton, mirontaine,
L'ai vu porter en terre
Par quatre z'officiers (trois fois).
L'un portait sa cuirasse,
Mironton, mironton, mirontaine,
L'un portait sa cuirasse,
L'autre son bouclier (trois fois).
L'troisième portait son sabre
Mironton, mironton, mirontaine,
L'troisième portait son sabre,
L'autre ne portait rien (trois fois).
A l'entour de sa tombe,
Mironton, mironton, mirontaine,
A l'entour de sa tombe
Romarin fut planté (trois fois).
Sur la plus haute branche,
Mironton, mironton, mirontaine,
Sur la plus haute branche
Le rossignol chantait (trois fois).
On vit voler son âme,
Mironton, mironton, mirontaine,
On vit voler son âme
À travers les lauriers (trois fois).
La cérémonie faite,
Mironton, mironton, mirontaine,
La cérémonie faite,
Chacun s'en fut coucher (trois fois).
J'n'en dis pas davantage,
Mironton, mironton, mirontaine,
J'n'en dis pas davantage,
Car en voilà z'assez (trois fois).
lundi 25 janvier 2010
Vidéo sur le transgenre
P. S. Avril 2014 : la diffusion de la vidéo a été annulée.
Distributeurs de masse et dictatures
Il me semble évident que tout produit présenté comme comestible en provenance d'une dictature ou d'un pays soupçonné de corruption (la Chine cumule les deux qualités) doit être évité.
On ne peut avoir tout à fait confiance dans ce qui provient de nos propres démocraties (impéritie et indifférence de fonctionnaires et de politiciens, etc.), à plus forte raison dans ce qui provient de ces pays-là.
Pour ma part j'essaie d'éviter tout ce qui y est fabriqué.
Travail sans fin.
Et j'évite de fréquenter les distributeurs de masse (comme on dit « armes de destruction de masse »), les Walmart de ce monde par exemple (ASDA en Grande-Bretagne, Walmex au Mexique, Seiyu au Japon), qui excellent à dissimuler l'origine de ce qu'ils nous offrent avec « chutes de prix » (expression utilisée au Québec).
Entreprises de ce genre * et dictatures ont une idéologie esclavagiste commune et s'entendent bien dans la gestion de l'opacité.
* Sur la complicité objective qui existe bel et bien entre Walmart et Chine, lisez ceci, tiré de l'article de Wikipédia sur Walmart: «... la majorité des fournisseurs de Walmart ont dû délocaliser leur production en Chine afin de respecter le cahier des charges exigé par Walmart au niveau des prix, ce qui a favorisé un déséquilibre croissant (200 milliards de dollars par an de déficit) en faveur de la Chine dans les échanges économiques Chine-États-Unis, et quasiment transformé ceux-ci en «pays du Tiers-Monde» exportateur de matières premières et importateur de biens manufacturés de haute technologie». C'est un peu comme le drapeau américain géant qui couvre la façade «Greek Revival» de la Bourse de New York : pur déguisement!
Et cela s'applique aussi
aux membres de cette Bourse,
y compris Bernard Madoff,
masque lui-même de tous les autres courtiers.