mardi 12 janvier 2010

Sans toi

Il y avait un documentaire sur Michel Legrand un jour de la semaine dernière, à TV5 je crois.
On y parlait de sa collaboration avec Jacques Demy pour les films «Les Parapluies de Cherbourg» et «Les Demoiselles de Rochefort», tous deux des souvenirs inoubliables pour moi, en particulier «Les Parapluies de Cherbourg» avec son romantisme exacerbé et son histoire d'un amour contrarié entre deux jeunes gens, meilleure que «Roméo et Juliette» de Shakespeare et moins grandiloquente, tellement années soixante, tellement années de ma jeunesse, si merveilleuses rétrospectivement.
Si merveilleuses de promesses surtout, dont la plupart ne se sont pas réalisées hélas!
(Comme pour tout le monde).
J'aime Michel Legrand comme compositeur (surtout) et comme interprète (chanteur et pianiste): c'est le premier auteur-compositeur-interprète que je suis allé voir à Montréal en 1965 à ce qui s'appelait alors «La Comédie canadienne» parce que les Québécois s'imaginaient encore à cette époque être des Canadiens (et même les seuls Canadiens, ceux qui parlaient français).
(Cela s'appelle maintenant le «Théâtre du Nouveau Monde»).
Je me souviens de ce spectacle comme d'un éblouissement encore aujourd'hui (45 ans plus tard).
Mais au cours du visionnement du documentaire je me suis souvenu que
Michel Legrand avait collaboré aussi avec la femme de Jacques Demy, Agnès Varda, au moins dans un film dont je me souvenais, un film de la Nouvelle Vague, quand les Français, s'imaginant faire du cinéma états-unien, faisaient du véritable cinéma français.
Ce fil c'était «Cléo de 5 à 7», un film en noir et blanc avec générique en couleur.
Michel Legrand y jouait un rôle, en plus d'avoir composé la musique des chansons qu'on y chantait (Agnès Varda avait écrit les paroles).
Et j'ai retrouvé une de ces chansons.
Romantique et désespérée comme la jeunesse.
La voici, interprétée par Corinne Marchand, la vedette du film que vous apercevez sur la pochette du 45-tours à 4 plages et sur l'affiche que j'ai placées en haut de ce billet. Il y a les paroles d'Agnès Varda à la suite.





Sans toi

Toutes portes ouvertes
En plein courant d'air
Je suis une maison vide
Sans toi, sans toi.

Comme une île déserte
Que recouvre la mer
Mes plages se dévident
Sans toi, sans toi.

Belle, en pure perte
Nue au coeur de l'hiver
Je suis un corps avide
Sans toi, sans toi.

Rongée par le cafard
Morte, au cercueil de verre
Je me couvre de rides
Sans toi, sans toi.

Et si tu viens trop tard
On m' aura mise en terre
Seule, laide et livide
Sans toi, sans toi,
Sans toi.

3 commentaires:

atalante a dit…

Demy-Legrand c'est de l'art pur.Du bonheur. De l'émotion. De l'humanité empathique.Les "Parapluies" et "Les demoiselles " en sont les preuves absolus. Je ne me lase pas de revoir ces film qui me rendent heureux et enjoués.
Quant à Cléo..j'en ai souvent entendu parler, mais je ne l'ai pas vu encore..
Cela serait intéressant que TV5 diffuse plus souvent - et de temps en temps au moins, ce qui n'est pas le cas - ce genre de classique et en profite comme le fait Artv avec Toute une soirée..pour les programmer en combo lors de soirée thématique avec ce type de documentaire, par exemple.

Jack a dit…

Le cinéma de la Nouvelle Vague est un cinéma de la désinvolture malgré toutes les théories qu'il y a derrière.
Chaque film est plein d'heureux hasards.
Comme une conversation à bâtons rompus.
C'est parfois génial (la plupart du temps), parfois longuet, mais avec la distance, toujours intéressant.
Les films où on chante sont de la magie.

atalante a dit…

Tout à fait d'accord.

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