mercredi 21 octobre 2009

Le flot sans honneur de quelque noire substance

Je me demande ce qui pousse ainsi Sa Majesté à accorder un «honneur» à quelqu'un qui n'en a pas.
Hypothèses:
1. Mathématiquement, il fallait accorder un «honneur» comme celui-là à un Francophone, trois Anglophones l'ayant déjà reçu (dont un antisémite*), car les Francophones forment 25% de la population du Canada si l'on inclut le Québec. Il y avait cet (à peine ou juste à point dans l'appréciation de Sa Majesté) Francophone-là.
2. Il s'était montré suffisamment servile à l'égard de la majorité des sujets canadiens de Sa Majesté, lui provenant (en principe mais pas vraiment si on considère sa langue) de la minorité francophone: il fallait lui donner une friandise pour cela (qui ne coûte pas cher et rapporte beaucoup de dividendes de presse, surtout dans les journaux appartenant à la famille de son gendre).
3. Comme il l'a raconté lui-même il avait un jour échappé le mot «merde» (un autre amant de la merde? Avait-il échappé le mot ou la chose?) devant Sa Majesté qui avait apprécié (elle aussi?), après s'être assurée que personne d'autre qu'elle n'avait entendu (ou senti: un amour qui désire rester secret? Pour la chose ou le mot? Pour la chose quand on considère la personne à qui elle accorde un «honneur»). Elle récompenserait maintenant pour le plaisir secret apporté.
Ah! la faveur des monarques tient parfois (toujours?) à bien peu de chose. Un mot (ou une chose?) malpoli(e)(?) ici.
4. Ses performances en anglais constituent une bonne leçon pour inciter ses (presque) compatriotes francophones à se convertir à la vraie langue de l'Homme blanc (qui supporte tout le fardeau de la civilisation, n'est-ce pas, sujet Kipling?)
5. Pour récompenser indirectement sa femme Aline, la véritable intelligence de la famille (et, tout bien considéré, la seule belle personne de la famille, je dis bien de la famille).
6. Que sais-je encore?
7. Tout cela.

* C'était selon moi un déplacement. Il aurait sans doute préféré exterminer ces papistes qui riaient de ses consultations des tables tournantes et des esprits cogneurs d'outre-tombe.
Mais je ne puis résister à la tentation de vous présenter une partie du texte de Wikipédia portant sur William Mackenzie King (puisque c'est de lui qu'il s'agit) afin de faire voir le type de personne que les Canadiens élisent habituellement comme premier ministre de leur pays et que Leurs Majestés d'Angleterre récompensent («ab duobus disce omnes**»).
Voici l'extrait:

«King espérait que le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale pourrait être évité, et il appuyait la stratégie britannique de conciliation. Il avait rencontré Hermann Göring et Adolf Hitler, qu'il jugeait être un homme raisonnable qui avait soin de son prochain, travaillant à améliorer son pays durant la dépression. Il confia à son journal intime qu'il croyait que "Hitler pourrait bien un jour être vu comme un des sauveurs du monde" et déclara à une délégation juive que la "Kristallnacht" pourrait bien être une bénédiction.

Une telle ignorance donna un tour assez rude aux actions du gouvernement de King; alors que la situation devenait de plus en plus intenable pour les populations juives d'Europe victimes d'un holocauste, le gouvernement de Mackenzie King refusa d'admettre de nombreux immigrants juifs. Il revint à un fonctionnaire de l'État canadien d'exprimer la position du gouvernement en répondant, à la question de savoir combien d'immigrants juifs pourraient rentrer au Canada : « Aucun, c'est déjà trop» (None is too many). Cette réponse servit de titre à un livre d'histoire qui dénonçait la politique d'immigration canadienne antisémite durant les années King. L'antisémitisme larvé de cette époque est bien visible dans l'épisode du paquebot St. Louis. Le navire, qui transportait 907 juifs qui fuyaient les persécutions en Europe, ne vit aucun de ses passagers admis au Canada. King refusa d'entendre les représentations de quarante-quatre personnalités canadiennes connues, incluant des professeurs, des éditeurs et des hommes d'affaires qui plaidèrent en leur faveur».

** Traduction: «À partir de ces deux-là, connaissez-les tous». Et je dirais que le premier ministre actuel ne dépare pas le tableau, bien au contraire. Il en renouvelle rétroactivement tous les feux et éclats. Sa Majesté ou son successeur voudra sûrement lui donner un jour un «honneur».

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