mercredi 7 octobre 2009

Une Exposition sur deux fossoyeurs de la civilisation

Une exposition à Paris qui amène à réunir sur la même affiche Constantin et Mehmet II (disent les Turcs et, maintenant, les dictionnaires qui ne tiennent pas compte des traditions des langues latines de latiniser la prononciation et la graphie des noms et des termes étrangers, on ne dit pas «London» mais «Londres», n'est-ce pas?) ou Mahomet II, disions-nous naguère.
Deux coups (inverses) pour rien, mais de conséquence.
Constantin est le coupable* auteur de la christianisation de l'Empire romain et, par la fondation de Constantinople, le coupable auteur de l'abandon de la partie ouest de cet empire aux forces barbares.
Mahomet II pour sa part, par la prise de Constantinople, a permis le reflux de la civilisation antique vers l'Occident, la recherche vers l'ouest d'une voie vers l'Asie (Chine et Inde) qu'il a coupée à l'est et, donc, la découverte de l'Amérique.
Il a, en quelque sorte, à plus ou moins longue échéance et si l'on considère ce qui se passe dans notre siècle, annulé l'œuvre malfaisante de Constantin.
Malgré lui, car il n'était pas progressiste étant donné sa religion (il a simplement continué les empereurs byzantins qui n'étaient que des dictateurs au service de la religion, comme lui).
Et l'image des soldats ottomans détruisant à coup de massue les tombeaux de porphyre des basileus me le rend absolument antipathique**.
Et le peu qui reste aujourd'hui de ce qui était romain dans
Constantinople accroît mon sentiment (mais les empereurs byzantins n'avaient-ils rien détruit?).
Cette affiche est bien signifiante en présentant ainsi deux fossoyeurs de la civilisation, deux visages d'un même Janus destructeur.
Restent pourtant de bien romantiques tableaux d'Istanbul, comme celui que je vous présente (d'Yvan Aïvazovski), auxquels l'un et l'autre fossoyeurs, de manière lointaine (très lointaine), ne sont pas étrangers.
Le bien, même petit, sort du mal (et puis la découverte de l'Amérique et la Renaissance ce n'est pas si petit).

© Musée-Communauté urbaine de Brest

* Coupable parce qu'il a ainsi permis qu'on mette fin pour 17 siècles à l'égalité des hommes et des femmes qui existait juridiquement à Rome, au divorce pour tous, à l'absence de culpabilité sexuelle, à la tolérance et à l'absence de fanatisme et de fondamentalisme de la religion romaine, etc.
** Les successeurs de
Mahomet II n'ont-ils pas vendu sans vergogne la frise du Parthénon aux Anglais? De quel droit ont-ils vendu ce qui avait été commandé par Périclès? Et de quel droit les descendants des Barbares anglo-saxons pouvaient-ils s'approprier les œuvres de la civilisation que leur ancêtres ont contribué à détruire?
Mais il faut dire que les Grecs, pour leur part, ne rendent plus le culte qui lui revient à la Vierge Athéna et sont perdus dans le chemin que leur a tracé celui qu'ils appellent «Aghios Constantinos». Comme les Russes, ils ont la canonisation facile quand il s'agit d'un autocrate.

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