vendredi 19 novembre 2010

L'objet manquant retrouvé

Je ne sais pas si ce que la statue du dieu Mars a perdu dans la première photo a été confisqué à la suite d'un comportement blâmable de celui-ci (il a peut-être fait ce qu'on interdisait dans le billet précédent) mais, grâce au premier ministre italien (le nommerai-je, il s'agit de l'innommable Berlusconi?), sa statue l'a retrouvé dans la deuxième photo.
Et Vénus, son amante, a retrouvé le bout de sa main droite avec laquelle elle caresse son amant.
Ce serait une heureuse histoire si ce n'était celle d'un adultère, car l'époux de Vénus n'est pas Mars mais le difforme Vulcain, frère de Mars.
Les archéologues s'indignent qu'on ait restauré les statues au mépris des règles de l'Unesco.
Mais Berlusconi, un habitué de l'adultère (dit-on ou voudrait-il nous faire croire), ne désirait sans doute pas qu'on pense que l'adultère peut causer la perte d'un membre si important.
Il l'a donc fait remettre en place.
Quant à la main de Vénus, je vous laisse imaginer pourquoi il l'a fait elle aussi remettre en place.
Mais ces opérations (rapportées avec force détails par Le Monde.fr, ici) m'intéressent surtout parce qu'elles me font connaître ces statues, découvertes en 1918 à Ostie, près de Rome.
Je n'avais pas l'honneur de les connaître (il faut dire que sur les photos elles ne ressemblent pas à des chefs-d'œuvre).
Et je ne savais pas qu'elles avaient été sculptées à la ressemblance de Marc-Aurèle (jeune) et de sa femme Faustine (des langues malveillantes disent qu'elle trompait l'empereur avec des gladiateurs).
La beauté de Vénus m'apparaissait (beaucoup, beaucoup) moins éclatante dans cette statue que dans toutes les autres que je connais.
Quelle mégère vois-je ici!
(
Mars en Marc-Aurèle ne brille pas non plus).
Faire ressembler un dieu à l'empereur (et sa femme, qu'il aimait malgré tout, à une déesse): quelle manière habile et répugnante de faire sa cour et de bien se faire voir.
La tradition ne s'est pas perdue.
Voyez le pieux Van Eyck (l'était-il, pieux? ou veule? ou craintif?), plus de mille ans plus tard, représenter Dieu (le Père) sous la forme du pape avec sa triple couronne dans «L'Agneau mystique
»:

Être Dieu à la place de Dieu, je l'aurais récompensé en le précipitant directement en enfer.
M'insulter ainsi!
Qui n'y échapperait pas si j'étais Dieu à la place de Dieu?
En particulier les croyants, toujours veules!

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