vendredi 30 octobre 2009

Des œuvres et de leurs auteurs

(Cliquez l'image pour mieux lire le texte)

Il est ironique qu'un évènement aussi heureux que la publication de «Candide» ait coïncidé avec la malheureuse défaite des Plaines d'Abraham (la nouvelle à propos du 250e anniversaire de la publication se trouve ici).
Il est vrai que c'est dans «Candide» aussi que Voltaire parle des «
quelques arpents de neige vers le Canada» que se disputent l'Angleterre et la France.
Il préférait pour sa part investir son argent dans les compagnies négrières responsables de la traite des Noirs.
Leurs œuvres valent toujours mieux que les humains qui les ont produites.
Quant à la Bibliothèque publique de New York, je ne puis vous en présenter qu'une photographie de la façade que je n'ai pas prise moi-même parce que la dite façade était masquée pour fins de rénovation il y a deux semaines.
Mais je dois tout de même vous présenter cette façade, avec un de ses lions et ses colonnes corinthiennes.



Voici quelques-unes des dernières lignes -très révélatrices- de «Candide» (dont vous trouverez le texte complet ici). La scène se passe à Constantinople:

Il y avait dans le voisinage un derviche très fameux, qui passait pour le meilleur philosophe de la Turquie; ils allèrent le consulter; Pangloss porta la parole, et lui dit : « Maître, nous venons vous prier de nous dire pourquoi un aussi étrange animal que l'homme a été formé.


- De quoi te mêles-tu ? dit le derviche, est-ce là ton affaire? - Mais, mon Révérend Père, dit Candide, il y a horriblement de mal sur la terre. - Qu'importe, dit le derviche, qu'il y ait du mal ou du bien ? Quand Sa Hautesse envoie un vaisseau en Égypte, s'embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont à leur aise ou non -? - Que faut-il donc faire? dit Pangloss. - Te taire, dit le derviche. - Je me flattais, dit Pangloss, de raisonner un peu avec vous des effets et des causes, du meilleur des mondes possibles, de l'origine du mal, de la nature de l'âme et de l'harmonie préétablie». Le derviche, à ces mots, leur ferma la porte au nez. 


Pendant cette conversation, la nouvelle s'était répandue qu'on venait d'étrangler à Constantinople deux vizirs du banc et le muphti, et qu'on avait empalé plusieurs de leurs amis. Cette catastrophe faisait partout un grand bruit pendant quelques heures. Pangloss, Candide et Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d'orangers. Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment se nommait le muphti qu'on venait d'étrangler. « Je n'en sais rien, répondit le bonhomme, et je n'ai jamais su le nom d'aucun muphti ni d'aucun vizir. J'ignore absolument l'aventure dont vous me parlez; je présume qu'en général ceux qui se mêlent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu'ils le méritent; mais je ne m'informe jamais de ce qu'on fait à Constantinople; je me contente d'y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive».
Je voudrais simplement souligner cette phrase: «[J]e présume qu'en général ceux qui se mêlent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu'ils le méritent» et vous dire combien l'étranglement du muphti, malgré moi, me comble d'aise.
Et pour éviter qu'on ne m'accuse de racisme ou autre horreur, je dirais que l'évocation de l'étranglement d'un curé ou d'un pasteur, voire d'un «preacher» évangéliste (oserais-je un rabbin?) provoquerait chez moi le même état.

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