J'ai cette belle image de locomotive « Art déco paquebot » et j'ai un merveilleux poème de guerre de Guillaume Apollinaire, « Le Train militaire », où il y a une « mise en abyme » (de cette sorte qu'on appelle parfois « intertexte ») du poème de Ronsard « Quand vous serez bien vieille... ».
Que faire sinon tout vous présenter, l'image, le poème d'Apollinaire et le sonnet de Ronsard ?
Vous avez l'image là-haut, voici le poème d'Apollinaire, suivi du sonnet de Ronsard :
Nous marchons nous marchons d’un immobile pas
Nous buvons au bidon à la fin du repas
Le dernier arbre en fleurs qu’avant Dijon nous vîmes
(Car c’est fini les fleurs des environs de Nîmes)
Était tout rose ainsi que les journaux
D’hier et nous aimons ô femmes vos images
Sommes dans nos wagons comme oiseaux en cages
Te souvient-il encor du brouillard de Sospel
Une fillette avait ton vice originel
Et notre nuit de Vence avant d’aller à Grasse
Et l’hôtel de Menton Tout passe lasse et casse
Et quand tu seras vieille ô ma jeune beauté
Lorsque l’hiver viendra après ton bel été
Lorsque l’hiver viendra ô ma jeune beauté
Lorsque mon nom sera répandu sur la terre
En entendant nommer Guillaume Apollinaire
Tu diras Il m’aimait et t’enorgueilliras
Allons ouvre ton cœur Tu m’as ouvert tes bras.
Les souvenirs ce sont des jardins sans limites
Où crapaud module un tendre cri d’azur
La biche du silence éperdu passe vite
Un rossignol meurtri par l’amour chante sur
Le rosier de ton corps où j’ai cueilli des roses
Nos cœurs pendent ensemble au même grenadier
Dont les fleurs de grenade entre nos cœurs écloses
En tombant une à une ont jonché le sentier.
Les arbres courent fort les arbres courent courent
Et l’horizon vient à la rencontre du train
Et les poteaux télégraphiques s’énamourent
Ils bandent comme un cerf vers le beau ciel serein
Ainsi beau ciel aimé chère Lou que j’adore
Je te désire encore ô paradis perdu
Tous nos profonds baisers je me les remémore
Il fait un vent tout doux comme un baiser mordu
Après des souvenirs des souvenirs encore.
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant:
Ronsard me célébrait du temps que j'étois belle.
Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos:
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Que faire sinon tout vous présenter, l'image, le poème d'Apollinaire et le sonnet de Ronsard ?
Vous avez l'image là-haut, voici le poème d'Apollinaire, suivi du sonnet de Ronsard :
Le Train militaire
Nous marchons nous marchons d’un immobile pas
Nous buvons au bidon à la fin du repas
Le dernier arbre en fleurs qu’avant Dijon nous vîmes
(Car c’est fini les fleurs des environs de Nîmes)
Était tout rose ainsi que les journaux
D’hier et nous aimons ô femmes vos images
Sommes dans nos wagons comme oiseaux en cages
Te souvient-il encor du brouillard de Sospel
Une fillette avait ton vice originel
Et notre nuit de Vence avant d’aller à Grasse
Et l’hôtel de Menton Tout passe lasse et casse
Et quand tu seras vieille ô ma jeune beauté
Lorsque l’hiver viendra après ton bel été
Lorsque l’hiver viendra ô ma jeune beauté
Lorsque mon nom sera répandu sur la terre
En entendant nommer Guillaume Apollinaire
Tu diras Il m’aimait et t’enorgueilliras
Allons ouvre ton cœur Tu m’as ouvert tes bras.
Les souvenirs ce sont des jardins sans limites
Où crapaud module un tendre cri d’azur
La biche du silence éperdu passe vite
Un rossignol meurtri par l’amour chante sur
Le rosier de ton corps où j’ai cueilli des roses
Nos cœurs pendent ensemble au même grenadier
Dont les fleurs de grenade entre nos cœurs écloses
En tombant une à une ont jonché le sentier.
Les arbres courent fort les arbres courent courent
Et l’horizon vient à la rencontre du train
Et les poteaux télégraphiques s’énamourent
Ils bandent comme un cerf vers le beau ciel serein
Ainsi beau ciel aimé chère Lou que j’adore
Je te désire encore ô paradis perdu
Tous nos profonds baisers je me les remémore
Il fait un vent tout doux comme un baiser mordu
Après des souvenirs des souvenirs encore.
Quand vous serez bien vieille...
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant:
Ronsard me célébrait du temps que j'étois belle.
Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos:
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
1 commentaire:
Le blaireau bicéphale allume deux chandelles
En l’honneur du jardin qu’il voit se réveillant.
Il chante quelques vers, tout en se recueillant,
Pour redire en son coeur que la nature est belle.
Il salue l’escargot, sourit aux fleurs nouvelles,
Admire les bourgeons à demi sommeillants,
Se promène alentour, tout en s’émerveillant,
Promenant son regard sous la voûte éternelle.
Le firmament, sur lui, ne verse plus ses eaux :
L’aquilon a choisi de prendre du repos,
Son humeur vagabonde étant bien assouvie.
Au bois l’on voit danser le chevreuil et le daim,
Profitant de ce jour, sans peur du lendemain :
Ronsard, tu nous appris à chanter cette vie.
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