mardi 4 mai 2010

Une clé, un titre, un visage, un sourire

Une clé peut effectivement exciter l'imagination quand on ne sait pas ce qu'elle ouvre, comme le suggère Maurice Maeterlinck.
Mais aussi une porte fermée dont on n'a jamais franchi le seuil, un livre qu'on n'a pas encore lu dont on voit la tranche ou le titre sur le rayon ou le présentoir d'une librairie ou d'une bibliothèque, un visage qu'on ne connaît pas sur lequel nos yeux tombent brusquement parmi ceux -innombrables- des passants à la terrasse d'un café, un sourire qu'on surprend sur des lèvres dont on ne sait pas à qui il s'adresse (peut-être à nous, peut-être pas).
Et ces paroles soudaines dont ils ne voient pas l'auteur, que créent-elles dans l'esprit des aveugles?

Les Trois sœurs aveugles

Les trois sœurs aveugles
(Espérons encore)
Les trois sœurs aveugles
Ont leurs lampes d’or;

Montent à la tour,
(Elles, vous et nous)
Montent à la tour,
Attendent sept jours…

Ah ! dit la première,
(Espérons encore)
Ah ! dit la première,
J’entends nos lumières…

Ah ! dit la seconde,
(Elles, vous et nous)
Ah ! dit la seconde,
C’est le roi qui monte…

Non, dit la plus sainte,
(Espérons encore)
Non, dit la plus sainte,
Elles se sont éteintes…

Maurice Maeterlinck

(que je cite même s'il a,
impardonnable,
écrit des discours
du cruel dictateur
catholique
Antonio Salazar)

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