vendredi 12 mars 2010

L’arbre est teinté de fruits invulnérables

Made in Bruxelles © Michel Reuss

Une photo du lecteur (Michel Reuss?) parue dans Libération.fr (rubrique «Vos photos sur Libération.fr» ici).
Une atmosphère Magritte (évidemment, on est à Bruxelles et, pour un étranger comme moi, Bruxelles c'est un peu beaucoup avant tout Magritte, quoi d'autres? Le Manneken-pis?).
Des arbres trop parfaits à côté d'un arbre naturel. Une maison de carton-pâte peut-être. Un personnage réel (ou est-ce un acteur?). Un intérieur qui est aussi un extérieur. Et ce ciel et ces nuages.
Et il y a ce poème de Paul Éluard intitulé «Magritte» et publié dans «Les Yeux fertiles» (n'est-ce pas ce en quoi l'art transforme les yeux?) en 1936:

Magritte

Marches de l’œil

À travers les barreaux des formes

Un escalier perpétuel

Le repos qui n’existe pas

Une des marches est cachée par un nuage

Une autre par un grand couteau

Une autre par un arbre qui se déroule

Comme un tapis

Sans gestes



Toutes les marches sont cachées



On a semé les feuilles vertes

Champs immenses forêts déduites

Au coucher des rampes de plomb

Au niveau des clairières

Dans le lait léger du matin



Le sable abreuve de rayons

Les silhouettes des miroirs

Leurs épaules pâles et froides

Leurs sourires décoratifs



L’arbre est teinté de fruits invulnérables.

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