L'asservissement des personnes à l'État a des origines immémoriales (il est probable que dès qu'il y a eu «État» il y a eu asservissement des personnes) et a pris diverses formes au cours de l'histoire.
Pas seulement celle du «totalitarisme».
Quand John F. Kennedy disait à ses concitoyens qu'«il ne fallait pas se demander ce que son pays pouvait faire pour soi mais se demander plutôt ce qu'on pouvait faire pour son pays», il y avait, ne fût-ce qu'à cause de la formulation, un pas dans le sens de l'asservissement.
La signification aurait été différente et aurait moins constitué un pas dans cette direction si la formulation avait été par exemple: «Ne te demande pas ce que les autres peuvent faire pour toi mais ce que toi tu peux faire pour les autres».
En introduisant le mot «pays» dans sa formule Kennedy donnait à celle-ci une tangente vers le sacrifice de la personne au profit de l'État.
Pierre Lepape (quel nom, n'est-ce pas? pour quelqu'un qui dénonce l'asservissement des personnes devant un État tout-puissant ou une Église toute-puissante) dans son livre «Le Pays de la littérature» décrit la forme de cet asservissement au 17e siècle, où, pour le réaliser, les religions et la philosophie se mettent au service de l'État.
[...] l'État, écrit-il, [est] tout entier acharné à faire ployer la société sous l'autorité unique de sa Raison. Rien ne doit échapper à sa souveraineté, ni personne. Pas même la religion et la morale dès lors qu'elles franchissent les limites de la conscience privée et du for intérieur. Le Bien public commande tout. La stratégie des jésuites est de lier leur influence à la puissance de l'État: à celui-ci les corps, à la Compagnie les âmes même si le strict partage oblige parfois à des découpages osés. [...] Mais la vision politico-religieuse qui les inspire est largement partagée. Hobbes n'écrit pas autre chose, ni même Spinoza: «Aucune conduite ne peut se prétendre inspirée par la piété, si elle comporte des suites préjudiciables à la collectivité politique. Aucune action, si contraire soit-elle en elle-même à la charité envers le prochain, qui ne devienne un geste d'inspiration sacrée, si elle est favorable à la conservation de l'État».
[...] Ce n'est plus la vérité divine ou la conscience morale ou la charité qui sont aux sources de la loi, mais la seule puissance publique.
C'est non seulement la manière de penser et d'agir de Louis XIV, et des autres monarques de son siècle et des siècles antérieurs jusqu'à ceux qui régnèrent sur Babylone, Ninive, Thèbes ou Nankin, que l'on voit se dessiner derrière ces lignes, ni même seulement la manière de penser et d'agir de Staline, Hitler et Mao, mais la manière de penser et d'agir des Églises ou religions et des États contemporains -personnifiés caricaturalement par George W. Bush par exemple- et de ces pseudo États que sont les entreprises et les corporations privées et les sociétés et autres institutions d'Églises et d'États.
Ceux pour qui on peut se sacrifier ne sont jamais ni des États, ni des pays, ni des religions.
Ce sont seulement des personnes qui méritent le sacrifice d'autres personnes, et des personnes qui ne commandent pas, des personnes qui sont des égales de celles qui se sacrifient.
Pas seulement celle du «totalitarisme».
Quand John F. Kennedy disait à ses concitoyens qu'«il ne fallait pas se demander ce que son pays pouvait faire pour soi mais se demander plutôt ce qu'on pouvait faire pour son pays», il y avait, ne fût-ce qu'à cause de la formulation, un pas dans le sens de l'asservissement.
La signification aurait été différente et aurait moins constitué un pas dans cette direction si la formulation avait été par exemple: «Ne te demande pas ce que les autres peuvent faire pour toi mais ce que toi tu peux faire pour les autres».
En introduisant le mot «pays» dans sa formule Kennedy donnait à celle-ci une tangente vers le sacrifice de la personne au profit de l'État.
Pierre Lepape (quel nom, n'est-ce pas? pour quelqu'un qui dénonce l'asservissement des personnes devant un État tout-puissant ou une Église toute-puissante) dans son livre «Le Pays de la littérature» décrit la forme de cet asservissement au 17e siècle, où, pour le réaliser, les religions et la philosophie se mettent au service de l'État.
[...] l'État, écrit-il, [est] tout entier acharné à faire ployer la société sous l'autorité unique de sa Raison. Rien ne doit échapper à sa souveraineté, ni personne. Pas même la religion et la morale dès lors qu'elles franchissent les limites de la conscience privée et du for intérieur. Le Bien public commande tout. La stratégie des jésuites est de lier leur influence à la puissance de l'État: à celui-ci les corps, à la Compagnie les âmes même si le strict partage oblige parfois à des découpages osés. [...] Mais la vision politico-religieuse qui les inspire est largement partagée. Hobbes n'écrit pas autre chose, ni même Spinoza: «Aucune conduite ne peut se prétendre inspirée par la piété, si elle comporte des suites préjudiciables à la collectivité politique. Aucune action, si contraire soit-elle en elle-même à la charité envers le prochain, qui ne devienne un geste d'inspiration sacrée, si elle est favorable à la conservation de l'État».
[...] Ce n'est plus la vérité divine ou la conscience morale ou la charité qui sont aux sources de la loi, mais la seule puissance publique.
C'est non seulement la manière de penser et d'agir de Louis XIV, et des autres monarques de son siècle et des siècles antérieurs jusqu'à ceux qui régnèrent sur Babylone, Ninive, Thèbes ou Nankin, que l'on voit se dessiner derrière ces lignes, ni même seulement la manière de penser et d'agir de Staline, Hitler et Mao, mais la manière de penser et d'agir des Églises ou religions et des États contemporains -personnifiés caricaturalement par George W. Bush par exemple- et de ces pseudo États que sont les entreprises et les corporations privées et les sociétés et autres institutions d'Églises et d'États.
Ceux pour qui on peut se sacrifier ne sont jamais ni des États, ni des pays, ni des religions.
Ce sont seulement des personnes qui méritent le sacrifice d'autres personnes, et des personnes qui ne commandent pas, des personnes qui sont des égales de celles qui se sacrifient.
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