dimanche 1 novembre 2009

Un roi sans parlement à Westminster

J'ai été très étonné à Londres de voir la statue de Richard Cœur de Lion devant le Palais de Westminster, siège du parlement anglais.
Ce roi n'avait, à ma connaissance, rien à voir avec le parlement.
C'est son frère et successeur, Jean sans Terre, de regrettable mémoire, qui a été obligé de signer la Grande Charte (1215) laquelle est à l'origine lointaine du Parlement d'Angleterre.
Du moins de la Chambre des Lords puisque c'est avec ses barons révoltés et vainqueurs que Jean sans Terre avait accepté de partager son pouvoir par cette Grande Charte (qu'il avait d'ailleurs réussi plus tard à faire désavouer par le pape, ennemi du partage des pouvoirs (il l'est toujours), aussi bien des siens que de ceux des autres).
Richard, quant à lui, s'était très peu occupé de son royaume anglais, excepté pour l'accabler d'impôts.
Il ne savait même pas l'anglais (lequel n'existait pas encore), lui qui écrivait des poésies en français et en occitan.
Ses terres françaises, -Normandie, Bretagne, Anjou, Aquitaine-, lui tenaient davantage à cœur que son royaume.

Il est d'ailleurs inhumé en France, à l'abbaye de Fontevraud, avec quelques autres Plantagenêts, dont c'était la nécropole.
Pourquoi lui élever là une statue ?
J'en suis venu à la conclusion, en réfléchissant, que cette statue n'est pas celle du roi Richard réel mais celle du personnage de Walter Scott, le roi Richard tel qu'il apparaît dans le roman « Ivanhoé
», avec Robin Hood notamment.
Cette statue est donc un hommage à un personnage littéraire.
Mais je peux me tromper.
Peut-être, les commanditaires de cette statue étaient-ils secrètement partisans de la monarchie absolue et ont-ils voulu, en élevant une statue à ce roi qui ne partageait son pouvoir avec personne, se moquer du Parlement.
Ou complaire à la reine Victoria qui régnait à ce moment et se croyait plus puissante que le parlement.
Qui sait ?
Par ailleurs, le visage qu'on a donné à cette statue (je ne l'ai vu de près que très récemment) entretient des relations très étroites, me semble-t-il, avec un autre visage, lui aussi fictif, celui de Jésus-Christ.
Voyez :

Puisque la statue a été produite au 19e siècle (1860), on ne sait pas si ce n'est pas Richard qui, grâce à son sculpteur (Carlo Marochetti), emprunte ici le visage du Christ tel qu'on l'avait choisi au Moyen Âge, ou bien si ce n'est pas le Christ qui aurait « hérité » au Moyen Âge du visage d'un roi, qu'on attribue maintenant à Richard.
Mais la ressemblance est néanmoins frappante, n'est-ce pas ?

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