mercredi 25 novembre 2009

Le cheval de la liberté

Un petit cheval grec dont la silhouette caracole dans sa vitrine du Metropolitan Museum.
Le cheval est un animal important dans l'histoire de la Grèce antique car c'est un cheval (le cheval de Troie) qui a permis aux Grecs de remporter la guerre contre les Troyens et de retarder pour plus d'un millénaire le basculement vers l'Orient (et vers les dictatures, royales ou non, et vers les religions monothéistes, nécessairement fanatiques) de la civilisation grecque, pour notre plus grand bénéfice.
(Ce basculement sera accompli quand Constantinople sera fondée, tout près du site de Troie).
Et puis, le cheval était l'un des symboles de Poséidon, le dieu des océans et de la mer, et l'on pourrait dire que la Grèce, c'est surtout la mer puisque c'est par la mer que les colons grecs ont répandu leur civilisation sur tout le pourtour de la Méditerranée en y fondant des colonies aussi loin qu'en Espagne.
Il me semble que ce petit cheval et la relation que j'ai établie entre lui et la Guerre de Troie me permettent de vous présenter un poème de Constantin Cavafy, intitulé « Les Chevaux d'Achille » en français (en grec « Τα άλογα του Αχιλλέως ») qu'il tire d'un épisode de « L'Iliade » d'Homère :
Le voici en grec et en traduction française (par Dominique Grandmont, Poésie/Gallimard) :



Τα άλογα του Αχιλλέως

Τον Πάτροκλο σαν είδαν σκοτωμένο,
που ήταν τόσο ανδρείος, και δυνατός, και νέος,
άρχισαν τ' άλογα να κλαίνε του Αχιλλέως·
η φύσις των η αθάνατη αγανακτούσε
για του θανάτου αυτό το έργον που θωρούσε.
Τίναζαν τα κεφάλια των και τες μακρυές χαίτες κουνούσαν,
την γη χτυπούσαν με τα πόδια, και θρηνούσαν
τον Πάτροκλο που ενοιώθανε άψυχο -αφανισμένο-
μιά σάρκα τώρα ποταπή -το πνεύμα του χαμένο-
ανυπεράσπιστο -χωρίς πνοή-
εις το μεγάλο Τίποτε επιστραμένο απ' την ζωή.

Τα δάκρυα είδε ο Ζεύς των αθανάτων

αλόγων και λυπήθη. «Στου Πηλέως τον γάμο»

είπε «δεν έπρεπ' έτσι άσκεπτα να κάμω·

καλύτερα να μην σας δίναμε άλογά μου

δυστυχισμένα! Τι γυρεύατ' εκεί χάμου

στην άθλια ανθρωπότητα πούναι το παίγνιον της μοίρας.

Σεις που ουδέ ο θάνατος φυλάγει, ουδέ το γήρας

πρόσκαιρες συμφορές σας τυραννούν. Στα βάσανά των

σας έμπλεξαν οι άνθρωποι». -Όμως τα δάκρυά των

για του θανάτου την παντοτεινή

την συμφοράν εχύνανε τα δυό τα ζώα τα ευγενή.


Les chevaux d'Achille

Quand ils virent tuer Patrocle,
lui si courageux, si fort et si jeune,
les chevaux d'Achille se mirent à pleurer;
leur nature immortelle s'insurgeait d'avoir
à contempler cette œuvre de la mort.
Ils secouaient leurs têtes, agitaient leurs longues crinières,
frappaient la terre du sabot et se lamentaient
sur Patrocle, qu'ils découvraient inerte —massacré—
chair sans nom désormais —sa conscience évanouie
sans défense —expiré—
renvoyé au grand Rien par la vie.

Des immortels chevaux Zeus aperçut
les larmes et s'en affligea. «Aux noces de Pélée»,
dit-il, «je n'aurais pas dû agir ainsi, à la légère.
Mieux eût valu ne pas vous donner, ah mes pauvres
chevaux! Que pensiez-vous trouver là-bas,
dans cette humanité vulgaire, qui n'est que le jouet du destin.
Vous que ne guettent ni la mort ni la vieillesse,
des malheurs passagers vous affectent. Aux misères des hommes
vous vous êtes laissé prendre. » — Cependant,
devant cet éternel désastre de la mort,
les deux nobles animaux versaient des larmes.

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