mardi 19 octobre 2010

Canonisation : détournement de sacrifices et de prestige

On vient de le voir avec la canonisation (avant-hier) du Frère André, on pourrait décrire une canonisation comme Marx décrit le fonctionnement du capitalisme où, pourrait-on sommairement résumer, les bourgeois s'enrichissent en s'emparant de la plus-value incorporée dans la marchandise par le travail et la sueur des ouvriers sous-payés.
La canonisation est l'opération par laquelle pape, cardinaux, et hiérarchie catholique dans son ensemble, s'emparent des valeurs (la « plus-value » religieuse) que le canonisé a ajoutées aux croyances que l'institution religieuse prétend préconiser pour en retirer du prestige, et du pouvoir sur les âmes des fidèles et des croyants.
Mais ce n'est pas seulement des canonisés que papes, cardinaux et autres prélats tirent profit, c'est aussi des personnages prestigieux du passé, comme des empereurs romains par exemple (mais aussi de tous les grands penseurs et philosophes païens).
Voyez cette photo de la statue d'Auguste que j'ai placée ci-dessus.
On ne peut avoir été plus païen qu'Auguste, le premier empereur, que les Romains (et les Grecs) ont divinisé de son vivant.
Les habitants de l'empire le considéraient comme un dieu, et je suis sûr que les premiers Chrétiens le considéraient, au même titre que les Juifs, comme un dieu ennemi du leur.
Eh bien voici un zoom sur le socle de la statue :

On y lit les mots abrégés suivants: « MUNIF. PII. IX.P.M. AN. XVIII ».
Si on rétablit tous les mots on trouve: «MUNIFICENTIA PII IX PONTIFICIS MAXIMI ANNO XVIII».
Traduisons: «Grâce à la générosité de Pie IX, Souverain Pontife, en la 18e année de son règne».
Qu'est-ce que cela signifie?
Que cette statue d'Auguste existerait ou serait dressée grâce à la générosité du pape Pie IX (le pauvre Auguste aurait besoin de la générosité de Pie IX pour restaurer sa statue et son souvenir) lequel, pour se proclamer son successeur et bénéficier du respect que, par-delà les millénaires, on voue au fondateur de l'empire, lui dérobe son titre de « Pontifex Maximus » (« Souverain Pontife » en français) qu'Auguste a été le premier empereur à porter, suivi par tous ses successeurs, ce titre les transformant en personnes sacrées et inviolables.
Pour accroître leur prestige et conforter leur pouvoir les prélats romains disposent donc du travail et des sacrifices thésaurisés des pauvres canonisés et, en outre, du détournement des titres et du prestige des Césars.
Ils disposent des saint chrétiens et des dieux païens.
(Cela vous rappelle-t-il la fable du geai qui se vêt des plumes du paon?)
Cette inscription sur le socle de la statue d'Auguste n'est qu'un exemple parmi des milliers que l'on rencontre à Rome et dans toute l'Italie.

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