On s'étonne encore qu'un écrivain soit nul en orthographe et en grammaire.
Les écrivains n'utilisent pas la langue d'abord pour respecter les règles orthographiques et grammaticales établies par les autorités linguistiques chargées de le faire et qui visent (ces règles) à faciliter la communication.
Les écrivains utilisent la langue comme un matériau de base au moyen duquel ils cherchent à faire exister hors d'eux-mêmes ce qu'il y a de profondément unique en eux, ce quelque chose qu'ils sont seuls à posséder: ils sont donc obligés de tordre l'instrument de tous, -la langue-, aux nécessités de l'expression de ce que la langue, avant qu'ils ne la tordent et la changent, est incapables d'exprimer.
Les écrivains ne sont pas, comme vous et moi, les esclaves de la langue (si je puis dire, car nous échappons toujours un peu à cet esclavage, à preuve les fautes d'orthographe et de grammaire que nous sommes incapables de nous empêcher de faire), ils en sont les maîtres et, grâce à ce volcan interne qui jaillit hors d'eux, ils la changent -parfois violemment- au profit de tous.
Il est donc très étonnant de voir qu'un professeur d'université («une experte d'Oxford» dit l'article du Monde, ici) confond style (qui provient du moi profond et unique de l'écrivain, de Jane Austen en l'occurrence) et orthographe et grammaire (qui proviennent des règles -toujours provisoires- de l'institution et des autorités de la langue).
Lisez ce qu'elle dit:
On considère très généralement que Jane Austen avait un style parfait. Son frère Henry avait dit en 1818 dans une phrase célèbre, que "tout ce qui sortait de sa plume était achevé" et les commentateurs continuent à partager cette opinion", déclare Kathryn Sutherland, professeure au St Anne's College d'Oxford. "Mais, en relisant les manuscrits, il devient vite évident que cette délicate précision n'était pas là", ajoute la chercheuse, qui a étudié 1 100 pages non publiées de la romancière. "On voit la création se faire, et dans le cas de Jane Austen, on découvre une manière d'écrire très anti-grammaticale", explique-t-elle, disant en particulier n'avoir pas retrouvé la "ponctuation impeccable et le style épigrammatique" que l'on peut voir dans certaines des œuvres de la romancière.
La professeure ne voit-elle pas qu'il y a une relation entre le «style parfait» qu'on découvre dans Jane Austen et l'«anti-grammaticalité» de l'écriture de celle-ci.
Décidément les professeurs d'Oxford, si l'on en juge par celle-ci, ont une conception bien spéciale de la littérature.
À moins qu'elle ait été mal citée et que ce soit l'idéologie de l'auteur de l'article qui se trahisse ici.
Un écrivain est un délinquant de la langue, un bandit linguistique, pas un béni-oui-oui de la grammaire et de l'orthographe.
P.S. L'article de Slate.fr (ici) sur le même sujet est plus intéressant. D'abord il s'intitule «Jane Austen, nulle en grammaire ou en avance sur son temps?» et ensuite on y écrit, réhabilitant la professeure Sutherland:
Pour Sutherland, le style parfait que l’on accole à Austen a été sans doute surestimé mais c’est au détriment de son apport créatif à la littérature. «Sa ponctuation est plus détachée, les textes écrits dans un sentiment d’urgence, et elle faisait quelque chose d’assez expérimental, — créant un style plus proche de la conversation que de la prose bien léchée, se jouant des paragraphes».
Un style qui aurait cassé le classicisme et l'académisme d'alors et que l’éditeur de la romancière, très en avance sur son temps et proche du style de Virginia Woolf, aurait dû «réparer».
Le journaliste du Monde est le véritable rétrograde. Étonnant?
Et encore un écrivain trahi par son éditeur, comme Marcel Proust l'a été par son propre frère Robert qui a effacé une grande partie de ce qui concernait l'homosexualité dans le texte de son frère.
Les écrivains n'utilisent pas la langue d'abord pour respecter les règles orthographiques et grammaticales établies par les autorités linguistiques chargées de le faire et qui visent (ces règles) à faciliter la communication.
Les écrivains utilisent la langue comme un matériau de base au moyen duquel ils cherchent à faire exister hors d'eux-mêmes ce qu'il y a de profondément unique en eux, ce quelque chose qu'ils sont seuls à posséder: ils sont donc obligés de tordre l'instrument de tous, -la langue-, aux nécessités de l'expression de ce que la langue, avant qu'ils ne la tordent et la changent, est incapables d'exprimer.
Les écrivains ne sont pas, comme vous et moi, les esclaves de la langue (si je puis dire, car nous échappons toujours un peu à cet esclavage, à preuve les fautes d'orthographe et de grammaire que nous sommes incapables de nous empêcher de faire), ils en sont les maîtres et, grâce à ce volcan interne qui jaillit hors d'eux, ils la changent -parfois violemment- au profit de tous.
Il est donc très étonnant de voir qu'un professeur d'université («une experte d'Oxford» dit l'article du Monde, ici) confond style (qui provient du moi profond et unique de l'écrivain, de Jane Austen en l'occurrence) et orthographe et grammaire (qui proviennent des règles -toujours provisoires- de l'institution et des autorités de la langue).
Lisez ce qu'elle dit:
On considère très généralement que Jane Austen avait un style parfait. Son frère Henry avait dit en 1818 dans une phrase célèbre, que "tout ce qui sortait de sa plume était achevé" et les commentateurs continuent à partager cette opinion", déclare Kathryn Sutherland, professeure au St Anne's College d'Oxford. "Mais, en relisant les manuscrits, il devient vite évident que cette délicate précision n'était pas là", ajoute la chercheuse, qui a étudié 1 100 pages non publiées de la romancière. "On voit la création se faire, et dans le cas de Jane Austen, on découvre une manière d'écrire très anti-grammaticale", explique-t-elle, disant en particulier n'avoir pas retrouvé la "ponctuation impeccable et le style épigrammatique" que l'on peut voir dans certaines des œuvres de la romancière.
La professeure ne voit-elle pas qu'il y a une relation entre le «style parfait» qu'on découvre dans Jane Austen et l'«anti-grammaticalité» de l'écriture de celle-ci.
Décidément les professeurs d'Oxford, si l'on en juge par celle-ci, ont une conception bien spéciale de la littérature.
À moins qu'elle ait été mal citée et que ce soit l'idéologie de l'auteur de l'article qui se trahisse ici.
Un écrivain est un délinquant de la langue, un bandit linguistique, pas un béni-oui-oui de la grammaire et de l'orthographe.
P.S. L'article de Slate.fr (ici) sur le même sujet est plus intéressant. D'abord il s'intitule «Jane Austen, nulle en grammaire ou en avance sur son temps?» et ensuite on y écrit, réhabilitant la professeure Sutherland:
Pour Sutherland, le style parfait que l’on accole à Austen a été sans doute surestimé mais c’est au détriment de son apport créatif à la littérature. «Sa ponctuation est plus détachée, les textes écrits dans un sentiment d’urgence, et elle faisait quelque chose d’assez expérimental, — créant un style plus proche de la conversation que de la prose bien léchée, se jouant des paragraphes».
Un style qui aurait cassé le classicisme et l'académisme d'alors et que l’éditeur de la romancière, très en avance sur son temps et proche du style de Virginia Woolf, aurait dû «réparer».
Le journaliste du Monde est le véritable rétrograde. Étonnant?
Et encore un écrivain trahi par son éditeur, comme Marcel Proust l'a été par son propre frère Robert qui a effacé une grande partie de ce qui concernait l'homosexualité dans le texte de son frère.
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