On en parle beaucoup ce matin (on est en 2010), la Bibliothèque nationale de France a acquis le manuscrit de l'« Histoire de ma vie » de Casanova.
Cette « Histoire » a été écrite en français par le Vénitien qu'était Giacomo Casanova (il faut rappeler que Marco Polo, Vénitien également, avait écrit lui aussi en français « Le Devisement du monde » au Moyen Âge).
Peut-être ces Vénitiens écrivaient-ils en français pour ainsi marquer la défiance profonde de leur patrie, la Sérénissime République, à l'égard de l'Italie.
(Selon moi, ils avaient raison comme la suite de l'histoire le démontre).
Ou peut-être comptaient-ils ainsi avoir plus de succès littéraire.
Quoi qu'il en soit, on comprend que la Bibliothèque nationale de France ait voulu posséder ce grand texte de langue française écrit au moment où cette langue atteignait son plus grand rayonnement, le 18e siècle qui est le grand siècle du français (mais pas de la France).
Car ce texte est un chef-d'œuvre de la langue française.
On s'interroge souvent sur le couple Don Juan-Casanova.
On confond souvent l'un et l'autre.
Don Juan est un personnage de fiction et Casanova une personne réelle (quoiqu'il soit devenu davantage un personnage de fiction par cette « Histoire de ma vie »).
Don Juan est un forcené qui conquiert les femmes pour accumuler les victoires contre Dieu ou l'ordre des choses (qu'il hait) sans songer un instant à prendre et à donner du plaisir : il cherche à perdre ses partenaires et à se perdre.
Casanova ne pense qu'au plaisir et, comme tous ses contemporains, à la conversation, le plaisir de l'amour n'étant qu'un moment de la conversation, c'est-à-dire des échanges avec les autres.
Casanova est un passionné des échanges alors que Don Juan est passionnément seul.
Casanova écrit et c'est sans doute son plus grand plaisir que celui d'écrire. Voyez :
L’homme ne peut jouir de ce qu’il sait qu’autant qu’il peut le communiquer à quelqu’un.
C'est ce qu'il écrit dans l'« Icosaméron ».
« La vraie vie c'est la littérature », signifie-t-il avant Proust.
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