J'ai reçu ce livre à mon anniversaire, «Le pays de la littérature» de Pierre Lepape.
Sa thèse est que la France s'est formée non tant à cause de la politique et des guerres qu'à cause de la littérature, si, évidemment, on annexe à la littérature les ouvrages d'histoire, ce qu'on a toujours fait de mémoire d'homme dans toutes les littératures: Thucydide, Xénophon, Tite-Live, Tacite, et j'en passe et j'en passe, sont de plein droit des écrivains grecs et latins, comme Joinville, Froissart, François-Xavier Garneau et Michelet (etc.) sont des écrivains français ou québécois.
Et Nithard, un petit-fils de Charlemagne, un des rares laïcs sachant écrire à cette époque, grâce à qui, selon Lepape, nous est parvenu le texte du «Serment de Strasbourg» en langues vulgaires, c'est-à-dire en langue romane (futur français) et en langue tudesque (futur allemand).
Nithard, en effet, se méfiait (avec raison) des clercs et autres membres du clergé qui, perdus dans leur rêve millénaire d'Empire latin et chrétien d'Occident, avaient décidé de passer sous silence cette irruption écrite (le mot «écrite» est important) des langues vulgaires sur la scène politique.
Le fait qu'elles soient «écrites» donnait une existence et une légitimité à ces langues vulgaires et l'Église et le clergé désiraient réserver cette légitimité au seul latin.
C'est la raison pour laquelle, dans ses «Histoires», écrites en latin (le lien renvoie à ce texte latin), Nithard cite in extenso les textes du «Serment de Strasbourg» en langues vulgaires.
Voyez le Serment en roman sur ce parchemin manuscrit des «Histoires» de Nithard, qui se trouve ici, parmi d'autres manuscrits de l'époque carolingienne, il est dans la colonne de droite, dans l'espace compris entre les deux commentaires modernes écrits en cursives dans la marge:
Pour la langue française c'est un texte sacré, l'équivalent du livre de la Genèse pour la religion judaïque.
Ce texte est d'autant plus important qu'il est aussi à l'origine du Québec, ce Serment, le Québec qui est aussi un pays du français et un pays de la littérature, étant né de l'«Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours» (le Canada étant le nom du Québec à cette époque, nom que lui a volé Canada actuel, qui n'a rien à voir) de François-Xavier Garneau*.
* Ce qui a rendu plus injurieuse encore la lecture en traduction anglaise d'un poème de Garneau à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Vancouver. Quel peuple stupide d'avoir confié à un ignorant Australien la mise en scène de cette cérémonie d'ouverture! Présenter la culture française du Canada en traduction anglaise, quelle idée d'Australien... et de Canadien!
Lord Durham n'aurait pas rêvé mieux!
lundi 22 février 2010
Deux «Pays de la littérature» (tous ne le sont-ils pas?)
heure 12:38:00
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