Un livre supposément sérieux où, sans vérifier, parce que ce qu'il dit va dans le sens de votre thèse, on cite un livre («La vie sexuelle d'Emmanuel Kant») qui est un canular et d'un philosophe qui n'existe pas (Jean-Baptiste Botul créé par Frédéric Pagès).
(L'article est ici)
Ce n'est pas la première bourde que Bernard-Henri Lévy commet et je suis certain que dans chacun de ses livres (qui me tombent tous des mains à cause de leurs conclusions rapides et la plupart du temps non fondées), une lecture un peu attentive trouverait infiniment de ces petits raccourcis erronés.
Il souffre du même mal que Jacques Attali, par exemple.
Tous deux ont une organisation psychique hystérique qui les rendrait doués plutôt pour le spectacle, les shows télévisés, le théâtre que pour la pensée et les livres.
Mais comme toute personne organisée comme eux ils se précipitent vers ce qui est à la mode et leur principal malheur est d'être nés dans une époque où l'essai rapporte davantage en notoriété, en conquêtes féminines ou masculines (et, pour l'un d'entre eux, en emplois lucratifs) que le roman ou la poésie.
L'hystérie, c'est pour le spectacle et les bonheurs de l'à-peu-près; la pensée et la philosophie exigent une organisation psychique obsessionnelle et ses maniaques vérifications et revérifications.
L'une a besoin de public et de la lumière (celles des projecteurs) et l'autre de la solitude et de l'obscurité.
Ni Lévy ni Attali ne peuvent s'y résigner.
P.S. Je m'en voudrais de ne pas rapporter, sur Bernard-Henri Lévy, un jugement de Jean-Paul Sartre, qui n'avait pas de jugement, je vous l'accorde, mais il est intéressant de voir à quelle reconnaissance peuvent rétrospectivement s'attendre de Sartre ceux qui tentent de le réhabiliter alors qu'il est «inréhabilitable» tant était profonde sa sottise à vernis d'intelligence. Voici ce que disait Sartre (rapporté par Stéphane Auclair, «Huit jours chez M. Sartre», 1992, p. 69):
Tous les tondus des camps se rallient au panache de sa brune tignasse, toutes les bouches brisées s'expriment par sa voix, tous les disparus lui permettent de paraître et tous les oubliés de ne le faire jamais oublier. Admirez comme rien ne se perd : il se torture sous nos yeux de leurs tortures au fond des caves et il n'est pas jusqu'aux morts du passé, dont on a fait du savon avec les graisses, qui ne lui doivent reconnaissance pour s'être fait, avec leurs souffrance, une brosse à reluire.
Et il y a ici une lettre aux lecteurs d'il y a trente ans (1979) de Pierre Vidal-Naquet qui fait un relevé de toutes les bourdes dues à la rédaction trop rapide, théâtrale, hystérique, d'un des premiers écrits («Le Testament de Dieu») de Bernard-Henri Lévy.
Fait suite à cette lettre, un texte de Cornelius Castoriadis, définitif contre les méthodes «lévysiennes».
lundi 8 février 2010
C'est ici le combat du jour et de la nuit
heure 13:45:00
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire