Incendie

Grand évènement hier soir (22h30). Un grand incendie (surtout au point de vue sentimental).
Nous revenions d'un dîner chez mon frère et tout à coup, sur le boulevard du Royaume, près de chez moi, nous sommes témoins (au moins pendant quelques minutes, la circulation étant ralentie par la tempête de neige et les véhicules du Service des incendies) d'un incendie majeur, le plus grand incendie auquel j'ai assisté dans ma vie, celui de l'hôtel Jean-Dequen.
Vous voyez trois photos ci-dessus qui montrent assez bien ce que j'ai pu en voir.
Ce bâtiment, sous différentes formes, a accompagné effectivement ma vie : il se trouvait le long de la route de Jonquière à Chicoutimi, à l'entrée de la ville d'Arvida, et on ne pouvait pas le manquer à chacun des nombreux trajets d'une ville à l'autre que, comme tout Saguenéen, j'étais amené à faire.
Du temps qu'il était auberge j'y ai mangé parfois (il y avait un restaurant de cuisine italienne appartenant à un membre de la famille Verdone).
J'y ai même participé à ce qu'on appelait une soirée « meurtre et mystère » qui était une sorte de soirée théâtrale où tous les spectateurs étaient des acteurs.
Comme journaliste, ma femme, Denise Pelletier, y a assisté, en 1996, à la représentation d'une pièce d'Eugène Ionesco (« Délire à deux »), sur laquelle elle a écrit une critique (elle est là).
D'autres souvenirs devenus immatériels.
Par ailleurs les différents noms que ce bâtiment a portés comme auberge en font un témoin de l'évolution historique du Québec.
Avant la fin des années soixante elle s'appelait « Halfway Inn » (l'« Auberge du mi-trajet », en français), après, elle a pris le nom d'« Auberge Jean-Dequen* », du nom de celui qui a nommé le Lac Saint-Jean au 17e siècle.
De l'anglais au français.
Mais pas encore de l'asservissement à la liberté.

* Jean de Quen, un explorateur jésuite français. 
P. S. Denise Pelletier évoque des souvenirs de cette auberge sur son blogue ici. Elle y publie une photo de la façade de l'auberge incendiée.