vendredi 17 septembre 2010

Les yeux de Brutus

C'est le buste dit de «Brutus» au Capitole à Rome.
Brutus est une grande figure de l'histoire de Rome car c'est lui qui a fait en sorte de renverser le dernier roi de Rome, l'étrusque Tarquin surnommé «le superbe» non pas parce qu'il était beau (sens de superbe aujourd'hui) mais parce qu'il était orgueilleux (sens de «superbe» en latin et en français classique).
Quand César a fait mine d'accepter une couronne et d'accepter ainsi de devenir roi, le descendant de Brutus l'a assassiné, ce qui montre l'importance du premier Brutus dans l'histoire romaine.
Nul n'a plus jamais tenté de refaire ce qu'il avait défait.
Surtout pas l'héritier de
César, Auguste.
Du moins en apparence.
Car Auguste a profité de la leçon de l'assassinat de César et s'est détourné de la royauté au profit du principat impérial qui est, en principe, un pouvoir respectueux des pouvoirs pré-existants, du moins de leur apparence.
Toutes les statues romaines (et grecques?) avaient des yeux pareils à ceux que vous voyez à Brutus, parfois faits de pierres précieuses.
Les Barbares et les Chrétiens se sont unis pour les leur arracher, les uns parce qu'ils voyaient bien que ces yeux donnaient une âme aux statues des dieux (et déesses), aux «idoles», disaient-ils, et, par conséquent, une existence dont ils croyaient leur Dieu jaloux; les autres par cupidité (et il n'est pas dit que les Chrétiens n'ont pas agi aussi par cupidité, sous couvert de combattre l'idolâtrie, ils le font encore aujourd'hui sous prétexte de propagation de la foi, ce virus mental).
On brisait aussi les sexes des statues masculines (peut-être les seins des statues féminines) parce que les uns les ressentaient comme une insulte à leur propre virilité (ou à la féminité de leurs femmes), les autres par pudibonderie et parce qu'ils combattaient les plaisirs de la chair, ceux-ci pouvant détourner des voluptés du ciel (qu'ils sentaient illusoires).
Ils brisaient ce qui existe au profit de ce qui n'existe pas.
Pour le malheur des humains depuis ce temps.

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