samedi 11 septembre 2010

À l'heure que je n'aimerai point, puissé-je trépasser!

Un poème d'amour dans le vieux langage français que l'un et l'autre de mes ancêtres paternels ou maternels parlaient peut-être* au 16e siècle avant que leurs enfants ou petits-enfants s'échappent de l'Ancien Monde pour être plus libres dans les « vastes prairies et forêts » du Nouveau Monde (pour peu qu'ils puissent fuir les yeux inquisiteurs et cupides des serviteurs du roi et de l'Église).
C'est un poème de Ronsard, pour fêter son anniversaire.
Le poème souligne que le mot « aimer » et le nom « Marie » sont constitués des mêmes lettres.

Marie, qui voudrait...

Marie, qui voudrait votre beau nom tourner,
Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie,
Faites cela vers moi dont votre nom vous prie,
Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner.

S'il vous plaît pour jamais un plaisir demener,
Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie,
Pendus l'un l'autre au col, et jamais nulle envie
D'aimer en autre lieu ne nous pourra mener.

Si faut-il bien aimer au monde quelque chose :
Celui qui n'aime point, celui-là se propose
Une vie d'un Scythe, et ses jours veut passer

Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure.
Eh, qu'est-il rien de doux sans Vénus ? las ! à l'heure
Que je n'aimerai point, puissé-je trépasser !

* Peut-être parlaient-ils le dialecte roman de leur coin de pays car ce n'est qu'en Nouvelle-France que les ancêtres des Québécois, pour communiquer avec leurs nouveaux compatriotes originaires de diverses provinces de France, durent parler la langue du roi, comme les nobles et les bourgeois.
Ce n'est qu'en Nouvelle-France qu'ils auraient pu lire Ronsard
.

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