du 11 septembre chilien.
On y voit le buste du président Salvador Allende,
«mort en combattant»
et le palais de la Moneda incendié
(il y a une photographie de ce très beau palais
néo-classique au bas de ce billet)
On y voit le buste du président Salvador Allende,
«mort en combattant»
et le palais de la Moneda incendié
(il y a une photographie de ce très beau palais
néo-classique au bas de ce billet)
11 septembre, date fatidique où beaucoup de meurtres ont été commis.
À Santiago d'abord (et dans le reste du Chili), où, sous la pression des Étasuniens républicains de Richard Nixon et plus précisément du secrétaire d'État de l'époque, Henry Kissinger, il y a eu des milliers de morts d'innocents chiliens partisans de la démocratie (que les États-Unis prétendent défendre), et où il y a eu, pour un temps, l'assassinat de la démocratie elle-même.
Comme tant de fois en Amérique latine, avec la complicité ou, très souvent, sur l'ordre de la prétendue «grande démocratie» du nord.
Pablo Neruda, le grand poète chilien, est mort, sans doute dans le désespoir, 15 jours après la coup d'état du 11 septembre 1973.
Pour commémorer ce 11 septembre-là, j'aurais pu vous présenter celui de ses poèmes qui est intitulé «La canción desesperada», «La Chanson du désespoir», qui est ici.
Mais puisque les forces du mal ont été, pour un temps, vaincues, du moins dans son pays natal, je préfère vous présenter un de ses poèmes qui s'intitule «La Poesía» et qui se trouve aussi là.
J'emprunte à ce beau site et le poème en espagnol et la traduction française, vous pourrez aussi y trouver une traduction en anglais.
La Poesía
Y fue a esa edad ... Llegó la poesía
a buscarme. No sé, no sé de dónde
salió, de invierno o río.
No sé cómo ni cuándo,
no, no eran voces, no eran
palabras, ni silencio,
pero desde una calle me llamaba,
desde las ramas de la noche,
de pronto entre los otros,
entre fuegos violentos
o regresando solo,
allí estaba sin rostro
y me tocaba.
Yo no sabía qué decir, mi boca
no sabía
nombrar,
mis ojos eran ciegos,
y algo golpeaba en mi alma,
fiebre o alas perdidas,
y me fui haciendo solo,
descifrando
aquella quemadura,
y escribí la primera línea vaga,
vaga, sin cuerpo, pura
tontería,
pura sabiduría
del que no sabe nada
y vi de pronto
el cielo
desgranado
y abierto,
planetas,
plantaciones palpitantes,
la sombra perforada,
acribillada
por flechas, fuego y flores,
la noche arrolladora, el universo.
Y yo, mínimo ser,
ebrio del gran vacío
constelado,
a semejanza, a imagen
del misterio,
me sentí parte pura
del abismo,
rodé con las estrellas,
mi corazón se desató en el viento.La Poésie
Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.
Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.
Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme
, je roulai avec les étoiles,
mon cœur se dénoua dans le vent.
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