mercredi 1 septembre 2010

Fauxtographie?

© Stepan Rudik
Les étapes du crime de «fauxtographie»

On parle de «fauxtographie» ce matin dans «Le Devoir» (premier paragraphe de l'article ici).
On s'insurge contre la tendance (ou l'habitude) des photographes de la génération Photoshop de ne pas représenter la réalité telle qu'elle est et de modifier les photos.
Ainsi:

Stepan Rudik, un lauréat dans la catégorie sport, [a été] disqualifié [par le Word Press] pour avoir effacé, grâce au logiciel Photoshop, un pied dans l'arrière-plan d'une de ses photos. Retouche mineure. «Au World Press, les règles de la profession concernant Photoshop s'appliquent, répond Ayperi Ecer, présidente du jury. On ne peut pas enlever un objet de l'image, quel qu'il soit.

Si vous observez bien ma citation, vous verrez que je lui ai apporté des modifications entre crochets qui sont un peu l'équivalent des modifications que le photographe condamné a apportées à sa photo. C'est une mise en abyme, est-ce condamnable?
Comme l'écrit Béat Brüsch dans son blogue:

En recadrant, le photographe a supprimé de l’image plusieurs personnes, cela n’est pas grave, mais on le sanctionne au prétexte qu’il a effacé un morceau de pied (d’ailleurs flou et difficilement identifiable). Pourquoi accepter des recadrages qui peuvent fortement modifier cette « vérité » dont se targuent les fondamentalistes ? Et pourquoi diaboliser une petite retouche qui n’attente en rien à cette prétendue « vérité » ? Dans un commentaire à son billet, André Gunthert pense que c’est « ...l’ensemble des altérations qui a motivé la disqualification » et que la retouche, s’appuyant sur un article clair du règlement, n’a été évoquée que parce qu’elle permettait d’éviter d’argumenter un débat bien plus compliqué autour des autres traitements apportés à l’image. Il a probablement raison, mais cela ne change rien au fond. Outre le manque de courage du jury, cela montre, une fois de plus, que le débat sur les vieilles croyances autour du statut de vérité des images photographiques n’est pas prêt d’être abordé.
(Du blogue «Mots d'image»).

C'est qu'il y a des gens qui croient que ce que l'œil voit est plus réel que ce que l'objectif photographique voit et qu'on «trahit» ce qui est photographié en lui apportant des modifications.
Mais on ne réfléchit pas au fait que la photo même non modifiée est elle-même un découpage effectué par l'objectif de l'appareil de ce que l'œil du photographe voyait.
Cette photo est une mise en relief de détails de la scène totale.
(Tout ce qui est vu est une mise en relief de détails de la scène totale)
Ce que nous appelons la réalité est toujours «filtrée», notre cerveau lui-même est un logiciel graphique, voire, plus profondément encore, philosophique.
Nul ne sait ce qu'est le réel car nul n'y a accès.

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