mardi 19 janvier 2010

Enseigner quoi ? Rien, mais enseigner rien selon les recettes

C'est le début d'une lettre ouverte de l'ancien ministre québécois Joseph Facal parue dans le journal « La Presse » d'aujourd'hui.
(À ma connaissance, cette lettre n'est pas publiée sur la Toile, dès qu'elle le sera je vous tiendrai au courant).
À titre de directeur de programme d'enseignement secondaire (du français) à l'université, j'ai été témoin de ce détournement, de ce rapt, non seulement de l'enseignement secondaire mais de tous les niveaux d'enseignement, aussi bien primaire qu'universitaire.
On a confié la formation des maîtres à des pseudo spécialistes en enseignement (je ne les appelle pas pédagogues car, selon mes observations, ils ne savaient pas enseigner) sous prétexte que ce que les futurs maîtres devaient d'abord savoir c'était enseigner ; enseigner quoi ? Qu'importe, il fallait que ces futurs maîtres sachent enseigner.
Enseigner ? Oui, enseigner, c'est-à-dire tenir une classe car c'était la conception que ces pseudo spécialistes avaient de l'enseignement : tenir une classe.
La littérature, la langue, les mathématiques, les sciences, tout cela était secondaire.
On a donc, conséquemment, réformé l'école pour permettre à des gens qui savaient tenir une classe, mais rien à part cela, d'enseigner quelque chose.
Cela n'a pas marché : on ne peut enseigner ce que l'on ne sait pas, même si on connaît toutes les recettes et ficelles « pédagogiques » concevables.
Et voilà pourquoi votre fille ne sait ni lire ni écrire.
Au Québec, mais ailleurs aussi, car je crois qu'on rencontre ces pseudo spécialistes, que Joseph Facal appelle « apprentis sorciers », un peu partout dans le monde.

5 commentaires:

Prof au secondaire a dit…

Et ces gens-là semblent imperméables aux commentaires, ils ne se donnent même pas la peine de répondre. En 2003, dans les pages du Devoir, j'avais moi-même dénoncé ce scandale. Sept ans plus tard je peux vous dire que rien n'a changé...

http://www.ledevoir.com/non-classe/20246/lettres-des-cours-qui-ne-meritent-pas-le-detour

Misère...
Régis Aubé

Jack a dit…

Je vous remercie de votre commentaire, M. Aubé.
Si vous m'en donnez la permission je vais publier votre lettre au Devoir in extenso dans un de mes billets.
Cela me plaira extrêmement.

Prof au secondaire a dit…

Bien sûr, permission accordée...

atalante a dit…

J'aime ce terme d'apprenti-sorciers.Mais si au moins ils étaient sorciers. Ils ne sont pas grand chose, à mon avis. Un enseignant est aussi un "sourcier ".Mais avec un contenu.

Jack a dit…

«Sorcier» a pris un sens moins péjoratif ces derniers temps à cause de divers romans et films.
Son sens originel le plaçait du côté du mal.

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