Dans une interview d'Olivier Todd (auteur d'une biographie de Camus) par André Duchesne publiée aujourd'hui dans le journal «La Presse», que vous trouverez ici:
La chose qui me frappe, chez lui [Camus], c'est que c'est un homme qui sait douter. Et le doute n'est pas une caractéristique de l'intelligentsia parisienne. Il était très ambitieux - dès 25 ans, dans ses lettres, il disait vouloir faire une œuvre - mais, malgré ça, il doutait. Il doutait sans arrêt de son talent, alors que Sartre ne doutait jamais de son génie.
vendredi 8 janvier 2010
Le doute et l'intelligentsia parisienne
heure 10:53:00
6 commentaires:
Certains ne doutent de rien, d'autres doutent de tout, et La Redoute livre en 48h chrono! On avance, on avance...;-) le progrès, sans "doute"...
trop douter, ce n'est guère mieux. Et c'est mon cas..C'est parfois stérélisant. Mais un doute raisonnable, j'avoue, c'est essentiel.
Je ne connais pour ma part que l'intelligentsia administrative et politicienne parisienne (peut-on appeler cela «intelligentsia»?).
Très peu de doutes (et je la redoute).
Quant à l'intelligentsia intellectuelle, elle me semble toujours divisée en deux: Anciens-Modernes (17e), Voltaire-Rousseau, Opéra italien-Opéra français, Sartre-Camus (pour le 19e j'hésite, il y a trop d'ennemis jumeaux et certains vivent si longtemps qu'ils changent de camp tout au long de leur vie).
Même chose au Québec (croyants-mécréants, comme en France mais sans noms propres; Plateau-reste du monde, etc.).
Le plus étonnant c'est que quelques lignes auparavant, Todd montre Camus dans une situation où celui-ci ne semble pas avoir de doute, du moins dans le domaine des conquêtes sexuelles ou amoureuses:
«J'ai connu Sartre, pas Camus. J'ai rencontré Camus deux fois dans des circonstances qui m'ont laissé un souvenir désagréable. La première fois, j'étais jeune marié et j'étais assis au Café de la Mairie avec ma femme. Camus est arrivé, il s'est mis au bar et il a regardé ma femme avec une impudence et une effronterie extraordinaires. J'ai dit: «Mais il se prend pour qui, ce con?» Et un de mes amis m'a répondu: «Mais il se prend pour Camus.» Trente ou quarante ans plus tard, lorsque j'ai commencé à faire sa biographie, tout le monde me disait: «Ah! Si vous aviez vu Camus regarder les femmes!» Je répondais: «Je sais. J'ai vu!»
Qu'en penser? Dans ce domaine-là Camus peut ressembler à Sartre?
N'est ce pas Pascal, ou Montaigne? à moins que ce ne fut Descartes, (c'est loin tout çà...), qui parlait de douter du doute lui-même? Une mise en abîme inversée en quelque sorte, n'est ce pas Jack, façon échiquier?
Quant à la fringale sensuelle des philosophes, on les comprend... On ne peut pas passer son temps qu'à se prendre la tête... ;-)
Peu de gens parlent du doute en doutant.
Pascal
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