samedi 31 juillet 2010

Température du 31 juillet à Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour de l'abricot

Folle avoine


C'est de l'avoine sauvage (de la «folle avoine» dit-on) et cela pousse dans mon jardin (du moins dans ce que j'appelle ainsi, suscitant les rires de certains de mes amis moqueurs).
Je devrais considérer cela comme de la mauvaise herbe et engager contre elle un combat sans merci.
Mais je trouve si belles ces grande tiges chargées d'épis miniatures que je rêve de les voir remplir ma cour (c'est le mot que certains amis désireraient me voir utiliser plutôt que «jardin»).
Quel mauvais jardinier je fais!

Mais ai-je un jardin et suis-je jardinier?

Non-Violence

Il y a certainement (j'imagine) des Étasuniens qui sont contre le port universel des armes que permettrait le 2e amendement de la constitution étasunienne, du moins dans l'interprétation des juges de la cour suprême actuelle des États-Unis.
L'auteur de cette sculpture de la photo («Non-violence») n'est évidemment pas l'un d'eux, puisqu'il est suédois (c'est Carl Fredrik Reuterswärd) et que c'est le Luxembourg
qui a offert cette sculpture à l'Organisation des Nations unies à New York.
(Une sorte de pied de nez?)
Mais il y a sûrement des Étasuniens (je le souhaite) qui voit la stupidité de cette interprétation car elle pourrait éventuellement donner à chacun des citoyens le droit d'avoir une arme nucléaire individuelle (une bombe miniature par exemple) ou à un terroriste le droit d'être une bombe vivante jusqu'au moment de se faire exploser, et même après, car sa famille pourrait plaider la légitime défense s'il se fait exploser au moment où les forces de l'ordre le menace, et accuser celles-ci d'avoir tenté d'empêcher un citoyen d'exercer un de ses droits constitutionnels.
Mais les Étasuniens qui sont contre ce présumé droit vivent dans une grande ville, aiment les arts (comme celui de l'auteur de la sculpture), ne sont pas analphabètes, connaissent l'étranger (peut-être y ont-ils fui), ne votent pas pour les Républicains et pour la plupart des Démocrates.
Bref ils sont une minorité.

vendredi 30 juillet 2010

Température du 30 juillet à Saguenay

Matin----------------------------------------------Soir












Jour de la salicorne
12e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Salicorne

Les fruits de Stresa et de Jeanne

Ces vases de fruits de pierre à Stresa, sur la promenade au bord du lac Majeur, me plaisent bien maintenant qu'il y a longtemps que je les ai vus alors qu'on allait s'embarquer pour visiter les îles Borromée, particulièrement l'Isola Bella.
Quand je les ai vus pour la première fois je les ai considérés comme un échantillon de ce que j'appellerais la «quétainerie», le sirupeux, de l'art baroque, telle qu'on la voit par exemple, et abondamment, à Saint-Pierre de Rome.
En voici un de près:

Mais je ne les vois plus maintenant comme je les voyais car ils sont reliés à ce qui est sirupeux aussi dans les îles et, surtout, à l'Italie où le sirupeux est effacé par tous les monuments de toutes les époques et de tous les styles qui y fleurissent avec tant de sève.
Aussi, en vous présentant ces vases de Stresa, je vais en plus vous présenter un poème de Paul Valéry, un poème érotique étonnant dans l'œuvre de ce si sérieux poète, chez ce si sérieux théoricien de la poésie.
Ses autres poèmes ont le même effet sur celui-ci que l'art de toute l'Italie sur les vases du rivage du lac Majeur:

Goûter de vitamines

De vos fruits, Jeanne, amande, pêche ou fraise,
On sait la tendre et puissante saveur :
Ils sont de ceux gonflés de ta saveur
Qu'on presse, on croque, on suce, on boit, on baise.


Le jus Tendresse et puis le suc Amour
Tandis que l'âme avec l'âme roucoule,
Des fruits pressés, l'un jaillit, l'autre coule,
Et l'autre et l'un, dans ton soyeux séjour.

Son Altesse ou sa Majesté royale

Crédit photo: AFP

Francesco De Molfetta (page en italien au bout de ce lien), un artiste italien, a présenté une statue de la Vierge Marie vêtue d'un voile précieux signé « Louis Vuitton » et portant le fameux sigle « LV » doré.
S'il s'agit de signifier par là les cercles prestigieux et la classe sociale auxquels cette dame appartient aujourd'hui (et depuis quelques siècles) l'opération est pleinement réussie.
Déjà, au 18e siècle, un prédicateur soulignait qu'en plus d'être le fils de Dieu le Christ avait hérité d'une noblesse plus glorieuse encore du côté de sa mère puisque celle-ci appartenait à une famille royale sans pareille en tant que descendante des rois David et Salomon.
Peut-être, avec ce vêtement que lui fait porter Francesco De Molfetta et toutes les couronnes qu'on lui a mises sur la tête depuis tant de temps, devrait-on parler d'elle en l'appelant « Son Altesse Royale la Vierge Marie ».
D'ailleurs une membre éminente de la famille Tudor, la reine Élizabeth I, a tenté jadis de bénéficier d'une partie du prestige de l'Altesse Mère de Dieu en se faisant appeler « Virgin Queen » (« la Reine Vierge » ou « la Vierge Reine », les deux traductions sont possibles).
Elle ne pouvait tomber plus juste.
D'ailleurs les églises supposément fondées par son fils n'ont-elles pas proclamé la
Vierge Marie « Reine du ciel ».
Peut-être « Reine de la Terre » si mes souvenirs sont exacts.
Cela constitue probablement une promotion, comme on dit. Ne devrait-on pas l'appeler alors « Sa Majesté royale la Vierge Marie »?
Quelle destinée prodigieuse pour une pauvresse de Nazareth!
Ne dirait-on pas un conte de fées ?
La réalisation de l'« American Dream » avant la découverte de l'Amérique ?
Un film d'« Hollywood-sur-Jourdain » ( « JourdyWood »)?
Un brouillon de la merveilleuse destinée de Son Altesse Sérénissime Grace Kelly?
(La nouvelle originale est ici).

jeudi 29 juillet 2010

Température du 29 juillet à Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour du panic
11e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Panic

Sales «vérités» des religions; bienheureuses hypothèses de la science.

C'est ce que j'aime dans la science (et dans l'art où c'est la même chose mais différemment): il n'y a pas de vérité, ni absolue, ni éternelle, au nom de laquelle on pourrait condamner, exiger des rétractations, torturer, brûler sur le bûcher, lapider ou enterrer vivant.
Il n'y a que des hypothèses, des théories qu'on peut toujours remettre en question, que l'on garde tant qu'elles sont utiles pour expliquer des phénomènes, construire des choses (concrètes ou abstraites) mais qu'on peut abandonner d'un jour à l'autre quand une autre théorie, une autre hypothèse semblent plus fécondes.
Le contraire de ce qui existe dans les religions.
Sales «vérités» des religions; bienheureuses hypothèses de la science.
(L'article original sur la nouvelle hypothèse, qui postule l'absence de «Big Bang», est ici).

Éternité

Voici le sarcophage du Metropolitan Museum dont je vous ai montré les pieds grecs d'un des personnages ici.
Je vous le présente car il montre ce couple, qui a vécu il y a deux mille ans et plus, réuni dans la mort (on ne sait lequel des deux est mort le premier et a fait sculpter de son vivant ce monument) et, si vous remarquez en bas à droite, réuni également avec leur petit chien.
Quelle image du bonheur domestique et comme je les envie d'avoir ainsi résisté au passage du temps et survécu ainsi dans une œuvre d'art.
Cela est sans doute la seule éternité que l'on peut espérer.

(Photo prise le 11 octobre 2009: ce n'est pas une photo d'art mais un instantané. Voyez ce jeune homme au centre à l'arrière-plan, photographié par hasard contrairement au sarcophage -zoomez en cliquant l'image pour le voir mieux. Ne ferait-il pas un excellent personnage de roman? C'est une partie du miracle éventuel de l'instantané).

Une erreur impardonnable

Je ne sais pas quand la mosquée de Jakarta en Indonésie a été construite mais il semble que le mihrab n'indiquait pas la qibla.
La qibla (la direction de La Mecque) se situe au nord-ouest de
Jakarta et le mihrab (la niche qui, dans une mosquée, indique la qibla) indiquait l'ouest.
Je ne sais pas ce que faisaient les mollahs qui étaient censés conseiller les architectes de la mosquée sur les divers éléments prescrits par Mahomet (ou Allah?) pour la prière musulmane mais que de prières ont été ainsi perdues, ne pouvant se rendre à La Mecque pour être réunies à celles du monde entier et s'élancer avec elles vers le ciel.
Et Allah ne recevant rien d'Indonésie, pouvait-ils penser aux fidèles indonésiens?
Quelle malheureuse histoire!
Méfiez-vous des mollahs, comme des autres théologiens ou prêtres: ils sont toujours occupés à bien d'autres choses qu'à leur devoir.

mercredi 28 juillet 2010

Température du 28 juillet à Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour de l'arrosoir
10e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Arrosoir

La Veuve et le Perroquet (ou l'Humanité et la Nature)

Une histoire que j'ai trouvée dans le dernier numéro du magazine « Sélection du Reader's Digest » (édition québécoise) et qui me semble résonner comme une fable.
Une fable dépeignant parfaitement l'attitude de l'humanité à l'égard de la nature.
Cette fable s'intitulerait « La Veuve et le perroquet » si elle avait été écrite pat La Fontaine ou Florian.
La voici (je la mets en vers libres pour que l'illusion de la fable soit encore plus forte):

La Veuve et le perroquet

Une veuve esseulée se procure un jour
un perroquet
pour lui tenir compagnie,
éventuellement lui faire la conversation
(elle manquait singulièrement
de compagnie humaine).
Une semaine plus tard,
comme il n'a pas dit un mot,
elle retourne à l'animalerie
et lui achète un miroir.
Toujours rien.
Les semaines suivantes
elle lui installe une petite échelle,
puis une balançoire.
Le volatile reste muet.
Un jour elle le découvre
gisant au fond de sa cage.
À l'agonie, il parvient à murmurer:
«Ils ne vendent donc
aucune nourriture au magasin?»

Je vous laisse imaginer la morale.

Détournements d'attention

Est-ce pour détourner l'attention de cette baignoire aérienne pour voyageur bling-bling que Nicolas Sarkozy faisait une sortie récemment contre «les gens du voyage», les Romanichels qui, eux, quoique originaires de la Hongrie comme le père du sémillant président*, n'ont cependant pas la chance de voyager aux frais de la princesse et certainement pas en Airbus super (et inutilement) équipé?
En plus de la baignoire sabot, l'avion présidentiel sarkozien comprendra-t-il un lit à baldaquin et des escaliers dérobés?
Quant à la baignoire sabot, comme je ne suis pas Français, elle évoque immanquablement pour moi, non un objet concret, mais Marat et Charlotte Corday.
Comme dans le tableau de David:

J'en ai presque des remords mais comme on dit: «À bas la tyrannie!».
(L'article original est ici).

* Cracherait-il sur eux pour tenter de faire oublier aussi cette origine commune?

Feuille honteuse

Ne serait-ce pas le drapeau canadien tel que l'ont transformé les membres du Parti conservateur du Canada depuis qu'ils y sont au pouvoir?
La feuille d'érable se transforme en feuille de vigne afin de tenter de cacher (sans y réussir) tout ce qui est honteux dans tout ce que fait ce gouvernement.

mardi 27 juillet 2010

Température du 27 juillet à Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour de la mûre
9e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Mûre

Pied grec au Metropolitan Museum

Aviez-vous remarqué ce pied manifestement grec d'un personnage étendu avec sa femme sur ce qui est sans doute son sarcophage au Metropolitan Museum à New York?
(Voyez le 2e orteil, celui que j'ai proposé d'appeler «le grec»: il est plus long que le «gros orteil»: c'est la définition du «pied grec»)
Je tenais à vous la présenter, ayant pris la résolution de photographier tous les pieds de statue qui apparaîtraient devant mon objectif.

Casques


Ce sont des casques de scooter, dit Zigonet (ici le diaporama qui en comprend d'autres que je ne vous présente pas et ici la présentation).
Je suis sûr qu'avec quelques ouvertures pour l'aération ou avec quelques renforcements intérieurs, ils pourraient servir de casques de cycliste ou de casques de motard.
Le dernier pourrait fournir ce qui leur manque à certains motards que je ne nommerai pas.
Le premier ce qui leur a manqué pour être heureux.
Il y en a un en forme de noix qui me ferait une belle tête de noix.
Merci d'avance.

P.S. Ils sont dessinés par le «studio de création GOOD», dont je ne trouve pas trace sur la Toile.

Lampadaire madrilène

Dans les photos de Madrid, celle de ce magnifique lampadaire près du Palais Royal (Palacio de Oriente dont le défaut principal est d'avoir été fréquenté par le sanguinaire dictateur catholique Francisco Franco).
Je fais profession de photographier les lampadaires de toutes les villes où je vais: j'avais oublié celui-ci, qui ne dépare pas ma collection, vous en conviendrez.
Voici un zoom sur un des éléments pour vous faire voir la petite couronne royale qui le surmonte:



lundi 26 juillet 2010

Température du 26 juillet à Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour du carthame
8e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Fleur du carthame

Le commerce du salut éternel

La soumission de la foi à la logique commerciale ne date pas d'aujourd'hui : il n'y a qu'à penser à l'institution des « Jubilés » ou « Années saintes » par Boniface VIII (le pape damné avant sa mort dans la Divine Comédie : mais on le sait maintenant, la plupart d'entre eux le sont).
Ces « Jubilés » ou « Années saintes » étaient censé(e)s avoir lieu tous les 50 ans, puis ont eu lieu tous les 25 ans, puis chaque fois qu'un besoin d'argent (et, par conséquent, de pèlerins) se faisait sentir à Rome.
Il n'y a qu'à penser aux indulgences accordées contre argent sonnant pour la reconstruction de Saint-Pierre de Rome à la Renaissance (c'est l'une des causes majeures de la Réforme protestante, comme vous le savez).
Dans d'autres religions, l'institution par Mahomet du pèlerinage annuel à la Mecque (le « Hajj ») pour obtenir la conversion de ses compatriotes « mecquois » en leur faisant miroiter la fortune qu'ils tireraient des pèlerins.
Il suffit d'observer la circulation de l'argent autour des lieux de cultes et des capitales ou sanctuaires religieux pour voir que les religions sont une affaire de commerce et d'argent.
Ton salut éternel contre tes pièces temporelles.

Baisers de princesse

Pièces de circonstances




Il semble que les pâtissiers aient découvert une autre mine d'or pour produire leurs gâteaux et autres pièces montées: après les noces, les banquets de divorce.
Exemples ci-dessus en ordre croissant de violence.
Chaque circonstance de la vie mérite une pâtisserie semble-t-il.
Il vaut mieux en rire (je parle des circonstances de la vie et des pâtisseries).
(Autres exemples ici sur Zigonet).

dimanche 25 juillet 2010

Température du 25 juilletà Saguenay

Matin-----------------------------------------Après-midi











Jour de l'armoise
7e jour du mois de thermidor
dans le calendrier républicain français.

Armoise
Sur cette photo apparaît
l'une des deux récentes armoises
de mon jardin. C'est mon ami Gaston Chatigny qui
les a plantées pour moi et il rit quand j'appelle «jardin»
l'étendue «gazonnière» qui les entoure.

Mais toi seul, aime-moi, j'ai besoin d'être aimée

En consultant les éphémérides pour aujourd'hui (je le fais chaque jour, vous vous en êtes sans doute aperçu), j'ai constaté que c'était à cette date qu'André Chénier avait été guillotiné en 1794, deux jours avant la chute de Robespierre, -qui a, dès l'origine, avec ses amis fanatiques, disqualifié les révolutions violentes-, et la fin de la Terreur.
Parmi les vestiges de mes lointaines études, j'ai retrouvé le petit manuel que vous voyez ci-dessus où Chénier, pas très séduisant vous en conviendrez peut-être, est représenté.

J'ai résolu aussi de vous présenter deux poèmes d'amour, parmi les plus beaux du poète, -des poèmes qui rendent en français tout l'art de la poésie grecque antique et nous permettent d'accéder directement à celle-ci sans connaître la langue.
En parcourant la toile pour trouver d'autres images de Chénier et de sa vie, je suis tombé (ici) sur un document de 1907 où Eugène Atget a photographié la dernière demeure du poète, au 97 rue de Cléry.
Voici ce document:
Or, cette maison -à laquelle le Flatiron de New York ressemble un peu, du moins dans son principe architectural puisque construit comme elle au point de convergence de deux rues, Cléry et Beauregard à Paris, (et me plaît pour cette raison)- elle existe encore.
Le blogue où j'ai trouvé la photo d'Atget en présente une photo aussi ancienne et une photo récente (de Palagret, en 2009), que voici:

Et sur chacune est représentée cette plaque:

Je me promets d'aller y faire un pèlerinage lors d'un prochain séjour à Paris.
Mais certes les poèmes de Chénier sont plus intéressants que sa maison, voire que sa sépulture, qui n'a jamais été retrouvée.
Voici ceux que j'avais le projet de vous présenter.
Lisez-les comme s'ils étaient des poèmes grecs de l'Antiquité et que vous pouviez comprendre comme si c'était du grec ancien la langue dans laquelle ils sont écrits.
Car André Chénier est un poète qui écrit des poèmes grecs en français, nous permettant ainsi de comprendre le plaisir que les Anciens éprouvaient en lisant les poèmes que leurs poètes leur écrivaient ou leur récitaient:

Mon visage est flétri...

Mon visage est flétri des regards du soleil.
Mon pied blanc sous la ronce est devenu vermeil.
J'ai suivi tout le jour le fond de la vallée;
Des bêlements lointains partout m'ont appelée.
J'ai couru: tu fuyais sans doute loin de moi:
C'étaient d'autres pasteurs. Où te chercher, ô toi
Le plus beau des humains? Dis-moi, fais-moi
[connaître
Où sont donc tes troupeaux, où tu les mènes paître,
Pour que je cesse enfin de courir sur les pas
Des troupeaux étrangers que tu ne conduis pas.

La nymphe l'aperçoit...

La nymphe l'aperçoit, et l'arrête, et soupire.
Vers un banc de gazon, tremblante, elle l'attire;
Elle s'assied. Il vient, timide avec candeur,
Ému d'un peu d'orgueil, de joie et de pudeur.
Les deux mains de la nymphe errent à l'aventure.
L'une, sur son front blanc, va de sa chevelure
Former les blonds anneaux. L'autre de son menton
Caresse lentement le mol et doux coton.
«Approche, bel enfant, approche, lui dit-elle,
Toi si jeune et si beau, près de moi jeune et belle.
Viens, ô mon bel ami, viens, assieds-toi sur moi.
Dis, quel âge, mon fils, s'est écoulé pour toi?
Aux combats du gymnase as-tu quelque victoire?
Aujourd'hui, m'a-t-on dit, tes compagnons de gloire,
Trop heureux, te pressaient entre leurs bras
[glissants,
Et l'olive a coulé sur tes membres luisants.
Tu baisses tes yeux noirs? Bienheureuse la mère
Qui t'a formé si beau, qui t'a nourri pour plaire!
Tu souris? tu rougis? Que ta joue est brillante!
Que ta bouche est vermeille et ta peau
[transparente!
N'es-tu pas Hyacinthe au blond Phœbus si cher?
Ou ce jeune Troyen ami de Jupiter?
Ou celui qui, naissant pour plus d'une immortelle,
Entr'ouvrit de Myrrha l'écorce maternelle?
Ami, qui que tu sois, oh! tes jeux sont charmants:
Bel enfant, aime-moi. Mon cœur de mille amants
Rejeta mille fois la poursuite enflammée;
Mais toi seul, aime-moi, j'ai besoin d'être aimée...»