jeudi 22 juillet 2010

Horrible vêtement

À Val-Jalbert, j'ai pris cette photo d'une femme qui tente (riant et s'amusant) de reconstituer le passé en arborant l'habit que les religieuses arboraient jusque durant les années soixante au Québec (et, je crois, dans tout le monde catholique).
Cet habit, c'était, très formalisé, l'habit que portaient les femmes occidentales au Moyen Âge et qu'elles ont abandonné à la Renaissance, à l'aube des temps modernes et de leur liberté.
Ces religieuses étaient les seules femmes occidentales dont le vêtement pouvait être comparé à celui des femmes musulmanes.
Mais ce sont toutes les femmes musulmanes qui, dans les pays qui vivent sous la charia et autres lois supposément religieuses, sont appelés à porter un vêtement qui les dérobe ainsi aux regards.
Certaines mêmes voudraient le porter dans les pays occidentaux (ou certains voudraient les obliger à le faire).
Non sans résistance -acharnée- de ces pays.
Mais ces religieuses n'étaient pas des femmes ordinaires, c'était des femmes qui avaient renoncé au mariage et à ce qu'elles appelaient les « vanités de la vie terrestre », les « vanités du monde ».
Elles avaient renoncé à la Terre au profit du Ciel.
Comme les croyants dont les pays sont, de ce fait, sous-développés.
Les religieuses se présentaient comme les épouses de Dieu.
Si elles se présentent toujours comme telles, elles ont cependant renoncé à cet habit qui n'avait aucune justification qu'historique.
Comme la soutane pour les hommes, qui n'a pas d'autres justification, elle aussi, que l'histoire.
En portant un vêtement pareil, on perpétue simplement le Moyen Âge
et quand on veut le porter dans les pays occidentaux on donne l'impression de vouloir ramener toute la civilisation de progrès matériel que l'Occident a édifiée (avec ses qualités et ses défauts) aux jours noirs des pénuries, du fanatisme, et des épidémies universelles.
Aux jours noirs de la soumission et de l'esclavage des femmes.
Aux jours où les hommes étaient (ou se croyaient et étaient crus) les ridicules dieux des femmes.
(Ce que le pape et les hiérarques chrétiens, et religieux en général, se croient encore).
Aux jours du sous-développement, de la pauvreté, de la vie manquée pour tous.

2 commentaires:

Liber Scriptus Proferetur a dit…

En tombant sur votre article, je boucle la boucle. En partant d'un forum de reconstituteurs qui cherchaient des renseignements sur l'habit des nonnes au Xe siècle, j'atterris sur une page FaceBook qui collectionne (par souci de piété, semble-t-il) des photos de religieuses aux costumes des plus classiques aux plus excentriques et en cherchant malicieusement à alimenter cette page en images de costumes cocasses, j'aboutis sur la vôtre.

Deux petites réflexions : l'habit de la nonne, un habit médiéval? Oui et non. Oui pour les ordres fondés au moyen-âge. Les nonnes se mettent à porter la guimpe, la coiffe des femmes qui ne sont plus de prime jeunesse, quand cette guimpe apparaît au XIIe siècle : un linge qu'on drape autour du visage.

Puis un jour un pape décide qu'il y a assez de règles et d'ordres et interdit d'en fonder de nouveau. Certains arrivent à contourner l'interdit et Jeanne de France parvient à faire valider sa règle pour les Annonciades.

La coiffe blanche qu'elle porte sous son voile noir est bien celle que l'on voit sur la tête d'autres femmes laïques de la même époque.

Et il va en être ainsi dans les siècles suivants. Pour contourner l'interdit de fonder de nouveaux ordres, on fonde des congrégations, des compagnies de femmes pieuses qui se dévouent à des oeuvres caritatives. Elles adoptent, pour la plupart, l'habit des femmes simples de leur époque et le chapeaute d'un voile. Ce qui devait se fondre dans le paysage, à l'époque, devient, au fil du temps, tout à fait risible.

La coiffe des parisiennes du XVIIe siècle se voit pousser des ailes au fil du temps et devient la célèbre cornette des Filles de la charité.

Marie-Louise Trichet adopte les vêtements des humbles poitevines de l'époque pour fonder les Filles de la Sagesse. Quelques siècles plus tard, cela donne des nonnes déguisées en bouteilles de champagne, chaussées de semelles de bois qui font un bruit de claquette.

Au XIXe siècle, on a les Soeurs de Picpus et leur bonnet plissé... Un bonnet plissé adopté par quelques congrégations de cette époque qui donne aux nonnes un air de bébé coiffé d'un béguin.

La deuxième réflexion est liée aussi à cette recherche sur le costume religieux du moyen-âge. J'ai déterré un vieux livre de ma bibliothèque: La femme au temps des cathédrales, de Régine Pernoud.
Cette historienne avait à cœur de démolir les poncifs sur la situation de la femme au moyen-âge.
Une femme au moyen-âge pouvait exercer un métier, enseigner, être maîtresse d'école, ce qu'elle ne pourra plus faire à la renaissance, où le retour aux valeurs de l'antiquité entraînera le renforcement du rôle du pater familias et un recul pour les droits de la femme.

Ceci dit, le niqab et la burqa dans nos rues: non, cent fois non!

Les arguments que l'on avance en faveur du foulard vont trop souvent de pair avec une méconnaissance de l'histoire de l'Islam. Et les musulmanes qui font l'effort de cette réflexion savent comment respecter leur religion sans se faire remarquer inutilement avec des vêtements d'une autre époque.

Que doit-on dire de ces femmes qui se voilent comme des nonnes dans nos contrées, mais qui portent des bains de soleil dès qu'elles sont sur le ferry qui les ramène en vacances au Maroc, vêtues "à l'américaine" comme elles le disent elles-mêmes, pour se montrer "modernes" à leur famille restée au pays?

Jack a dit…

Je vous remercie de vote commentaire très érudit.
Je vous fais remarquer que les Romaines étaient relativement affranchies et libres en comparaison des autres femmes de l'Antiquité (grecques, perses carthaginoises et orientales en général) et que c'est le christianisme qui leur a fait peu à peu perdre le statut qui était le leur et les a ramenées au rang commun des femmes dans l'univers entier.
Quant au Moyen Âge, il est long, je ne sais pas si les femmes ont pu toujours y faire à toutes les époques ce que vous décrivez.
Mais je vous remercie encore. Votre commentaire m'intéresse beaucoup et intéressera sûrement mes visiteurs.

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