lundi 10 mars 2008

On enseigne ce que l'on est

J'ai déploré dans une note antérieure (cliquez sur note pour y être) que des personnes auxquelles j'ai enseigné ne se souviennent de rien de ce que je leur ai enseigné.
Un ami m'a dit: «Ils ne se souviennent pas de ce que tu leur as enseigné mais ils se souviennent de toi, et avec beaucoup de plaisir, je crois».
J'ai moi-même retiré beaucoup de plaisir de cette remarque. Plaisir d'orgueil! Déplaisant plaisir (je regrette cet oxymore, car à l'âge que j'ai, à l'âge où chaque matin une partie jusque-là inconnue de mon corps fait connaître son existence au moyen d'une petite douleur ou d'un grand inconfort, comment peut-on dire qu'un plaisir est déplaisant?).
Peut-être leur souvenir de moi provient-il du fait que l' "[o]n n'enseigne pas ce que l'on sait (...); on ne peut enseigner que ce que l'on est", comme l'écrivait Jean Jaurès (j'ai lu cette phrase ce matin et ce sera l'aphorisme du jour).
J'espère que ce qu'ils ont appris de ce que je suis c'est plutôt ma propension à m'intéresser à tout et ma persévérance («Labor omnia vincit improbus*», leur répétai-je tout le temps, non seulement pour
leur montrer que je connaissais le latin et Virgile (en haut dans une mosaïque romaine d'Hadrumète; au milieu dans un tableau de Bouguereau, avec Dante) mais parce que je le croyais profondément et que ma vie en est une illustration) et non ma tendance à papillonner et à préférer un jeu de mots (et parfois la vérité) à un ami (ci-contre Jean Jaurès jeune).


*Pour les non-latinistes: «Un travail constant vient à bout de tout».

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