dimanche 16 mars 2008

Théâtre, jeu, incarnation, devoir et sacrifice

J'ai entendu Jeanne Moreau (à gauche) parlant de son métier de comédienne et d'actrice cette semaine.
Selon elle ce métier ne consistait pas à «jouer un personnage mais à l'incarner».
Peut-être cela ne s'appliquait-il pas seulement au théâtre ou au cinéma mais à tous les «lieux» sociaux où l'on doit «jouer» un rôle: politique, enseignement, représentation, santé, administration, etc.
Mais restons-en aujourd'hui au théâtre.
Disons que je ne suis pas un grand amateur de théâtre pour une mauvaise raison.

Le théâtre ne permet pas en effet de s'«identifier» au héros ou au personnage, le spectateur est toujours obligé d'être distant par rapport aux personnages: on voit donc le temps passer, on perçoit le carton-pâte des décors, les taches sur les costumes, etc.
On n'est pas emporté par les péripéties comme dans un roman (un roman d'aventures mais aussi un roman où il y a une histoire passionnante) ou dans un film. C'est cela la mauvaise raison. Il y a trop de réalité, trop de chair au théâtre: il s'agit littéralement d'«incarnation» (c'est le mot de Jeanne Moreau).
Peut-être que, malgré ce que je pense, la chair ne me plaît pas.
Je n'ai pas beaucoup parlé d'«
Élizabeth, Roi d'Angleterre» comme je comptais le faire en me rendant en voiture à la représentation du samedi 1er mars.
Disons que j'ai trouvé que Marie-Thérèse Fortin (à droite en haut), la plupart du temps «jouait» le personnage d'Élizabeth I ( à gauche en bas) plutôt qu'elle ne l'«incarnait», à cause de la «voix de reine» qu'elle croyait devoir prendre.
Elle ne prenait pas tout le temps cette voix et quand elle ne la prenait pas -au moment par exemple où
Élizabeth tente d'aller sauver son amant Essex (à droite) qu'elle a elle-même fait condamner à mort ou au moment où elle parle en confidence de tout ce qu'Élizabeth a sacrifié à son devoir de reine- quand donc elle ne la prenait pas et semblait «vraie», alors, malgré moi, les larmes me montaient aux yeux.
Qu'a donc cette petite Tudor (d'ailleurs plutôt Boleyn -comme sa mère Anne Boleyn
- que Tudor, les autres membres de cette famille me semblant n'avoir eu aucun sens du devoir) pour que son destin me donne tant de tristesse (et c'est peu dire)?
Peut-être chac
un d'entre nous a-t-il, enfoui en lui, le sentiment d'avoir sacrifié son désir à son devoir, et c'est sur moi donc que je pleure quand je vois un film, une série, une pièce où elle apparaît, et non pas tellement sur elle.

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