mardi 9 décembre 2025

LE SECRET DU CIMENT ROMAIN RÉVÉLÉ

Une "capsule temporelle" découverte à Pompéi révèle l'un des grands secrets de construction des Romains
À Pompéi, un chantier antique vient de dévoiler la technique des Romains pour fabriquer un béton quasi éternel, qui se régénère et résiste aux éléments à travers les siècles. Une véritable piste pour les infrastructures du futur. 

Un chantier de construction, figé par l'éruption du Vésuve, a été découvert à Pompéi. Comme si les ouvriers s'étaient absentés quelques minutes avant que tout ne s'arrête. En analysant ces murs inachevés et d'autres éléments restés sur place depuis l'an 79, une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a pu comprendre comment les Romains fabriquaient leur fameux béton, connu pour être étonnamment robuste. L'ingénieur Admir Masic, qui dirige ces travaux, rappelle dans un communiqué, envoyé mardi 9 décembre, que ce matériau antique a "survécu aux tremblements de terre, aux volcans, à l'immersion sous l'eau salée de la mer".
Une résistance qui continue d'impressionner à travers les millénaires et pourrait bien inspirer le monde contemporain. Les chercheurs ont trouvé lors de leurs fouilles la preuve qu'elle était due à une technique spécifique, encore jamais démontrée avec évidence.

Vitruve avait tort

Cette longévité serait due au "hot-mixing". Contrairement à ce que décrivait la recette de l'architecte Vitruve, selon laquelle les bâtisseurs "ajoutaient de l'eau à la chaux pour obtenir une pâte", les analyses du site archéologique confirment que la chaux vive était d'abord mélangée à sec à la cendre volcanique, avant que n'y soit ajouté de l'eau. Cette étape déclenchait une réaction thermique qui piégeait les fragments de chaux non hydratée dans le matériau. Admir Masic et ses collègues admettent dans leur rapport que "ce n'était pas simple de suggérer que Vitruve ait pu être inexact", mais les échantillons pompéiens, eux, ne laissent guère de doute sur le mode d'emploi.
Ce chantier antique est si bien préservé que les archéologues ont pu y distinguer ses phases d'évolution.
Des matières premières à l'assemblage
Sur place se distinguent des tas de matériaux secs prêts à servir, des murs en cours de montage, d'autres déjà enduits, des blocs presque terminés et quelques-uns attendant une réparation qui ne viendra jamais. "Nous avons eu la chance d’ouvrir cette capsule temporelle", raconte Admir Masic, qui dit avoir eu l'impression d'interrompre des ouvriers romains en plein travail.
Le rôle des cendres volcaniques dans ce processus, notamment la ponce, a également été décrypté. L'étude conclut que ces particules réagissaient lentement à l'eau présente dans les pores du béton, créant avec le temps de nouveaux minéraux qui venaient renforcer la structure générale. Un matériau "réactif et hautement dynamique", résume Admir Masic, qui éclaire la surprenante capacité de certains ouvrages antiques à se consolider plutôt qu'à s'abîmer au fil des années.
Ces résultats devraient, à l'avenir, influencer la construction moderne. Admir Masic a d'ailleurs fondé en ce sens l'entreprise DMAT, qui prendra exemple sur ces mécanismes naturels d'autoréparation. "Nous ne voulons pas copier les Romains, mais traduire quelques lignes de ce livre de connaissances", explique-t-il.


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