dimanche 28 décembre 2025

L’emprisonnement religieux ou idéologique


Cette préoccupation pour la condition fondamentale de la liberté – l’absence de contrainte physique – est incontestablement nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Il est parfaitement possible qu’un homme soit sorti de prison sans être libre – qu’il ne subisse aucune contrainte physique et qu’il soit pourtant prisonnier psychologiquement, contraint de penser, de ressentir et d’agir selon les désirs des représentants de l’État-nation ou d’un intérêt privé au sein de la nation. Il n’y aura jamais d’habeas mentem ; car aucun shérif ni geôlier ne peut traduire en justice un esprit illégalement emprisonné, et nul ne saurait se plaindre de sa captivité si son esprit a été rendu captif par les méthodes décrites dans les articles précédents. 
La nature de la contrainte psychologique est telle que ceux qui agissent sous contrainte restent persuadés d’agir de leur propre initiative. 
La victime de manipulation mentale ignore qu’elle est une victime. Pour elle, les murs de sa prison sont invisibles et elle se croit libre. Le fait qu’elle ne le soit n’est apparent que lorsqu’elle est dénuée de liberté. « Envers les autres. Sa servitude est strictement objective. »

Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes

 

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