mercredi 10 décembre 2025

Hortense Mancini, une femme comme elles auraient dû toutes l’être

Hortense Mancini, la duchesse qui a quitté son mari et parcouru l'Europe comme une célébrité en fuite

Hortense Mancini naquit en 1646 au sein de l'ambitieux clan Mancini, nièce du cardinal Mazarin, qui traitait ses nièces comme des monnaies d'échange.

Elle grandit dans un monde d'argent, de raffinement et d'attentes, destinée à briller à la cour. Et elle y parvint.

Louis XIV lui-même envisagea un temps de l'épouser, ce qui en dit long sur sa beauté, son charme et l'influence de son entourage.

Finalement, elle fut mariée à quinze ans à Armand Charles de La Porte, duc de La Meilleraye. Il était immensément riche et d'une instabilité psychologique catastrophique.

Obsédé par la pureté religieuse, cet homme brisait des tableaux, persuadé que les nus représentés le fixaient du regard. Il obligeait les domestiques à frotter les sols pour « éloigner la tentation » et interdisait même aux laitières de traire les vaches, de peur que la vue de leurs mains sur les pis ne devienne un péché.

Il enfermait également Hortense dans la maison, lui confisquait ses bijoux et tentait de contrôler sa respiration.

Hortense ne se laissa pas faire. En 1668, à vingt-deux ans, elle fit l'impensable pour une noble de son rang.

Elle s'enfuit. Elle échappa à son mari, traversa la France déguisée en homme, voyagea avec des amants, des compagnons et un esprit de rébellion absolue, et devint une célébrité itinérante à travers l'Europe.

Sa réputation ne cessa de croître. Elle mena une vie fastueuse en Italie, fit sensation en Allemagne et finit par arriver en Angleterre, où

Charles II l'accueillit à bras ouverts, sans poser de questions. Elle devint sa maîtresse, la partenaire de beuverie favorite du « Roi Joyeux », son compagnon d'escrime, et la femme qu'il laissait gagner aux cartes simplement parce que sa présence l'amusait.

Même après que Charles eut fréquenté d'autres amantes, Hortense resta dans son entourage, protégée et entretenue. Son appartement londonien se transforma en un salon informel où se côtoyaient artistes, joueurs, philosophes et amateurs de scandales.

L'un de ses plus grands feuilletons publics fut sa relation avec une autre célèbre épouse en fuite, Anne, comtesse de Sussex, vieille amie de la duchesse de Mazarin.

Leur amitié fit couler beaucoup d'encre à Londres après un duel d'escrime très médiatisé, disputé en chemise de nuit par un matin glacial d'hiver à St James's Park. Un acte scandaleux pour l'époque de la Restauration, qui ne fit qu'accroître l'admiration du public.

Malgré le glamour, sa vie fut une lutte constante contre les dettes, l'exil et la traque judiciaire menée par son mari furieux, qui tenta pendant des décennies de la faire revenir.

Elle ne revint jamais. Elle passa le reste de sa vie en Angleterre, rédigeant ses mémoires, qui comptent parmi les premières autobiographies féminines à décrire ouvertement son mariage, ses désirs et son refus de se soumettre à la volonté d'autrui.

Hortense Mancini mourut en 1699 à Londres, toujours indépendante, toujours insaisissable et toujours fidèle à elle-même.

Une femme qui s'échappa d'une prison dorée et choisit le chaos, l'esprit et la liberté individuelle plutôt qu'une misère soumise. L'histoire nous offre rarement une figure aussi honnête quant à ses aspirations et aussi déterminée à les obtenir. 

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