dimanche 20 février 2011

Tournesol et autres fleurs

C'est l'illustration d'une carte qu'on m'a offerte pour mon anniversaire, «Le Tournesol» de Gustav Klimt, que j'ai numérisée mais dont on ne peut vraiment rendre la richesse foisonnante des couleurs et qui a été retravaillée par les graphistes. La reproduction n'est pas exacte.
Mais elle me fournit un prétexte (c'est la journée des prétextes) pour vous présenter «Les Fleurs» de Stéphane Mallarmé, dont le style -vous le verrez- n'a rien à envier à celui de Klimt (ce sont des contemporains, et ils le sont tous deux de Marcel Proust, vous vous en doutez si vous avez lu «À la recherche du temps perdu»).


Les Fleurs


Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
Premier et de la neige éternelle des astres
Jadis tu détachas les grands calices pour
La terre jeune encore et vierge de désastres,

Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
Et ce divin laurier des âmes exilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées,

L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !

Et tu fis la blancheur sanglotante des lys
Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure
À travers l’encens bleu des horizons pâlis
Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs,
Notre dame, hosannah du jardin de nos limbes !
Et finisse l’écho par les célestes soirs,
Extase des regards, scintillement des nimbes !

Ô Mère, qui créas en ton sein juste et fort,
Calices balançant la future fiole,
De grandes fleurs avec la balsamique Mort
Pour le poëte las que la vie étiole.

Voici une représentation plus exacte du «Tournesol»:


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