samedi 26 juin 2010

Une sale et habituelle tentation hagiographique

Ces passages supprimés (par son père) de la première édition du « Journal d'Anne Frank », ce sont ceux où celle-ci fait part de ses émois sexuels à l'égard d'un de ses petits compagnons de réclusion et de la surprise de ses premières règles.
Comme l'Église catholique quand il s'agit de canoniser, -tout ce qui ne rentre pas dans le cadre de la doctrine officielle est effacé-, ceux qui se sont chargés de créer une image sainte d'Anne Frank ont effacé une grande partie d'elle-même, c'est-à-dire une grande partie de ce que nous partageons avec elle, notre corps, notre sexualité, nos sentiments.
Comme si la réclusion forcée et le martyre d'Anne Frank par les Nazis ne suffisaient pas pour la rendre admirable et significative.
Comme s'il fallait ne pas être humain pour être admirable.
La sale tentation hagiographique qui s'insinue là comme elle s'insinue partout et qui transforme les humains en robots à programme -sans sexe- obéissant aux doctrines et aux règles des prêtres, des dictateurs, des fraudeurs et des dirigeants d'entrepris et d'institutions (ce sont là des synonymes).
(L'article original du NouvelObs.com est ici).

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