lundi 21 juin 2010

Funeste découverte du Nouveau Monde pour ceux qui l'habitaient

Dans ce livre, « Québec, trésor d'Amérique », dont je vous ai parlé ici, il y a une photo de cette famille amérindienne sculptée par Louis-Philippe Hébert pour orner l'entrée principale de l'Hôtel du Parlement du Québec.
Elle s'intitule « La halte dans la forêt ».
La voici en contexte devant cette entrée principale :


Voyez-la entre les quatre colonnes ioniques de granit.
Au-dessous d'elle la sculpture d'un Amérindien pêcheur, celle-ci :

Je crois qu'en plaçant ainsi ces sculptures, ceux qui ont conçu ce bâtiment ont voulu rendre un hommage, trop tardif hélas, à ceux qui nous ont précédés sur cette terre d'Amérique et que nous avons laissé massacrer ou déculturaliser sans protester.
(Peut-être avons-nous, quand nous l'avons pu, participé au génocide perpétré par nos maîtres anglo-saxons et par nos maîtres catholiques).
François-Xavier Garneau, dans son « Histoire » (c'est le livre fondateur de la littérature et de la nation québécoises), exprimait déjà son regret de la disparition de ces peuples qui nous ont enseigné tant de choses et à qui, en guise de récompense, nous avons tant volé, tout volé.
Voici ce que
Garneau écrivait (toujours avec la pensée que c'est de nous, Québécois, qu'il parlait aussi, prévoyant notre disparition future, qui allait inéluctablement suivre celle des Amérindiens) :

Si la découverte du Nouveau Monde a exercé une salutaire influence sur la destinée de l'Europe, elle a été funeste aux nations qui peuplaient les forêts de l'Amérique. Leur amour de la liberté, leurs mœurs belliqueuses, leur intrépidité, retardent encore à peine d'un jour leur ruine. Au contact de la civilisation, elles tombent plus rapidement que les bois mystérieux qui leur servaient de retraite, et bientôt, selon les paroles poétiques de Lamennais, elles auront disparu sans laisser plus de trace que les brises qui passent sur les savanes. Nous plaignons leur destinée. En moins de trois siècles, elles se sont effacées d'une grande partie du continent. Ce n'est pas ici le lieu de rechercher les causes de l'anéantissement de tant de peuples dans un espace de temps si court que l'imagination en est étonnée. Cela mènerait loin, et ne nous offrirait que des images tristes pour l'orgueil de l'homme.


Voici la famille amérindienne photographiée de dos :


Et Garneau écrivait ceci avant les tentatives de génocides culturels ourdies par le gouvernement du Canada suivi même par notre propre gouvernement francophone, héritier pourtant de Champlain et non d'Amherst, comme les gouvernements anglophones canadiens, fédéral et provinciaux, et accomplies avec la complicité ignoble des églises se proclamant elles-mêmes chrétiennes, mensongèrement.

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