La Nature ferait donc triompher le «semblant»: paraître jeune équivaudrait à être jeune, du moins à vieillir moins rapidement et à mourir à un âge plus avancé.
Sans possibilité de tricher puisque cela serait une question de gènes: la chirurgie esthétique n'y changerait rien.
J'ai lu dans les «Mémoires d'Hadrien» de Marguerite Yourcenar que «peu à peu le masque devient le visage», qu'un rôle (et les habitudes de vie qui l'accompagnent) qu'on s'impose de jouer dans la vie (ou qu'on nous impose) nous transforme et que nous devenons ce que nous jouons à être.
Mais pas question de gènes dans cette pensée, juste de la psychologie ou de la sociologie.
Que ce triomphe du paraître soit aussi inscrit dans les gênes me gêne.
Quoique cela confirme ce que nous savons, à savoir que la Nature n'est en aucune façon égalitaire.
Et que la civilisation sert à établir le plus possible cette égalité négligée par la «marâtre Nature» jadis interpellée* par Ronsard.
* Dans ce poème qui me semble convenir au sujet:
Mignonne
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
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