mardi 22 décembre 2009

À propos d'Avatar (encore) et du dégoût à l'égard des humains

Je n'ai pas encore vu «Avatar» mais je vais le faire car je sais que, derrière le récit, se dissimulent des sentiments et des réflexions que je développe très souvent dans ce blogue.

le dégoût des humains, du moins de la majorité d'entre eux qui ne sont pas artistes ou scientifiques;

la dénonciation des génocides, aussi bien ceux des peuples que des langues et des cultures;

la dénonciation de la veulerie des politiciens (il ne reste plus d'«hommes politiques», s'il y en a eu un jour: rien que des politiciens dont l'agir mime celui des plus méprisables d'entre eux, les politiciens états-uniens);

le sentiment que c'en est fait de notre planète bleue (bleue seulement vue du ciel) et que les gnomes l'ont déjà irrémédiablement détruite.

Il y a un article (ici, il est d'Emmanuelle Carre) qui, en réfléchissant sur «Avatar» résume cela en quelques propositions que je vous cite:

[...] et si l’on voyait dans ce désir [de Jake Sully, le héros terrien du film devenu un Na'vi, un habitant de la planète Pandora] de sauver ce «Nouveau Monde» et d’y appartenir, la volonté de quitter une humanité qui dégoûte ? De plus en plus de films ont récemment mis en avant deux choses : écroulement apocalyptique de l’humanité (2012), volonté de ne plus appartenir au monde des humains, fut-ce par amour (Twilight). Comme si être humain n’était plus si drôle.

(L'art révèle ce qui gît en profondeur dans nos âmes et lui permet de jaillir enfin)

[...] ce n’est pas un film optimiste qu’Avatar. Entre les attaques aériennes à coup de lance-flammes, la chute de la maison-totem des Na’vi, comment ne pas reconnaître les souvenirs lancinants du Vietnam et l’effroi du 11 septembre ? Dans cet esprit de conquête destructeur, comment ne pas voir l’épineux souvenir du génocide amérindien ? Dans l’avancée des bulldozers qui détruisent la forêt, ses habitants et les âmes des morts, comment ne pas penser au film de John Boorman La forêt d’Emeraude?

(Le génocide amérindien (et les autres) restera-t-il à jamais impuni ou sera-t-il seulement expié par les malheurs constamment infligés à ceux qui l'ont commis jusqu'à la disparition définitive et bienvenue de ceux-ci?)
(L'art punit métaphoriquement en attendant que les circonstances infligent le châtiment véritable: peut-être l'art hâte-t-il ce châtiment, c'est du moins ce que j'espère)

Parce que ce nouveau monde est détruit à coups d’armes surpuissantes et de bulldozers, on se sent obligé d’y voir le manque de finesse du réalisateur. Néanmoins, vous en avez vu beaucoup vous, des génocides qui se font dans la dentelle ? Le héros paralysé (victime, donc, du caractère belliqueux de sa race) de Cameron le dit : «Leur mère (la Terre), ils l’ont tuée, et ils veulent faire de même ici pour survivre».

(Le meurtre de leur mère: les hommes ont commis, commettent un matricide pour du vil pétrole, ou de l'or ou autres riens)

Ces créatures extraordinaires, ces plantes qui gardent les âmes des morts, cet animisme ambiant où l’on s’excuse auprès des animaux pour la mort qu’on leur inflige, dressent le tableau d’une humanité trop pure pour être vraie, et qu’il faut aller chercher sur d’autres planètes [...] il ne fait vraiment plus bon vivre sur notre vieille Terre gâchée et gaspillée.

(Ces habitants du «nouveau monde» planétaire, de Pandora, ce sont des Amérindiens d'une autre forme, ce sont des «Peaux-bleues» (voyez-les en haut et en bas) comme les autres étaient des Peaux-rouges et leurs merveilleuses différences excitent les instincts des sales Blancs, le peuple de l'uniformité, les monothéistes)
(Qu'ils soient les vainqueurs ces Peaux-bleues et qu'ils réussissent à délivrer l'univers de notre espèce!)
Que le souhait de Phèdre s'accomplisse et

[Que] la mort, à [nos] yeux dérobant la clarté
Rend[e] au jour qu'ils souillaient toute sa pureté.

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