jeudi 10 décembre 2009

Manuscrits de Stendhal et idolâtrie

J'ai découvert un site créé par la ville de Grenoble (dont Henri Beyle -que l'on connaît sous le nom de Stendhal- est originaire) et qui présente des manuscrits de Stendhal.
(Cliquez les images ou ici pour y être).
En me laissant porter par ce que Marcel Proust a appelé «idolâtrie» et qui consiste à aimer non seulement l'œuvre d'un écrivain mais aussi ses reliques, en l'occurrence ses manuscrits, ou sa plume, ou ses bijoux, ou les lieux dont il a parlé, ceux où il a vécu, le lieu où il est mort (et je vous ai déjà parlé dans ce blogue de mon pèlerinage dans la rue où Stendhal était mort à Paris), son tombeau, etc., j'ai feuilleté sur mon écran quelques pages de ces manuscrits avec une sorte de dévotion intérieure.
Comme si j'étais un croyant recevant directement un témoignage de l'existence de Dieu.
Je suis tombé sur cette réflexion qui dit tellement pourquoi j'aime tant Stendhal, sa véridicité, le fait qu'il se dit tel qu'il est et ne cherche pas à le cacher, le fait qu'il est exactement comme nous en dehors des moments où il écrit des œuvres que nous ne pourrons jamais écrire et où il est tellement au-dessus de nous, du moins de moi.
Voyez une des reliques que je vénère, où il y a l'écriture même de Stendhal sur le papier qu'il a touché du bord de sa main (manu divina?):

Et voyez ce qu'il écrit:

Dans la connaissance de l'homme c'est la finesse qui me manque le plus. Je sais bien qu'une certaine passion p a un effet p', mais je ne sais pas reconnaitre dans l'individu que je vois dans le monde toutes les passions qui l'animent. D'ailleurs cette maudite manie de briller fait que je m'occupe plus de laisser de moi une profonde impression que de deviner les autres. Je m'occupe trop...

Cette «maudite manie de briller» il ne l'avait pas quand il plongeait dans l'écriture, et, là, il reconnaissait «toutes les passions qui [...] animent» les humains,
Mes passions, vos passions, nos passions, ses passions.
Pour l'éternité, du moins l'éternité de notre langue et de notre planète.

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