mardi 29 décembre 2009

Le flot de sang invisible de Topkapi

Deux photos du palais de Topkapi à Istanbul: un intérieur en bas (le « Salon aux fruits », je crois) et un extérieur en haut (je ne me souviens plus de l'emplacement de celui-ci dans le site du palais tant la visite a été rapide : on voulait nous emmener chez des marchands de tapis).
On ne distingue pas beaucoup le décor intérieur du décor extérieur car la température du dehors et la température du dedans ne se distinguent pas (ou si peu) sur les bords du Bosphore.
Et le décor si délicat de mosaïques d'une précision et d'une virtuosité inouïes ne laisse rien deviner des flots de sang qui se répandaient ici à chaque changement de règne des sultans ottomans.
Les fils du sultan défunt s'entretuaient jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un pour succéder à son père ou bien, si le sultan régnant avait fait son choix avant de mourir parmi ses fils (au risque d'être lui-même assassiné par celui qu'il avait choisi), l'élu faisait massacrer tous ses frères.
De telle sorte que tous ceux qui ont régné sur les Turcs (et sur l'Empire ottoman) pendant au moins 1 000 ans ont été des meurtriers fratricides, et quelquefois des parricides (sans compter les fréquents massacres de vizirs et d'ennemis vaincus).
Peut-on rêver d'une plus belle exhibition de la réalité du pouvoir politique?
En ce qui concerne les sultans, même ceux qui, comme Mahomet II ci-dessous, se faisaient représenter en train de sentir délicatement le parfum d'une fleur, avaient les mains tachées du sang familial.

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