Devant cette photo (magnifique) de serpent, on comprend le processus par lequel les humains ont créé les êtres fantastiques qu'on appelle dragons et démons.
Il suffisait d'élaborer un peu, sans trop d'imagination, et de viser à faire peur.
Ainsi, récemment, devant mes sarcasmes à propos des religions sur Facebook, un peintre de Baie-Saint-Paul, me menaça de l'enfer et du démon, comme dans l'ancien temps, et comme un curé (ne cherchez pas: le curé qui avait écrit un statut stupide suivi par (entre autres) mes commentaires, l'a supprimé).
Sans doute, dans la tête de ce peintre, y avait-il une image comme celle que vous voyez.
Et ce n'est pas sans une arrière-pensée de fils de prêtre (ce qu'il était) que Baudelaire comparait la démarche d'une femme à la danse d'un serpent:
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur!
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