Cet article (ici) du « Devoir » dont vous voyez les premiers paragraphes fait le compte rendu d'une exposition du Musée des religions du monde à Nicolet, qui porte sur les jurons québécois.
Voici comment on annonce cette exposition (dont vous apprendrez ainsi le titre) sur le site du musée (ici) :
Deux citations tirées de l'article qui me semblent d'un intérêt particulier.
D'abord ceci qui nous apprend l'éloignement abyssal des jeunes Québécois à l'égard de la religion et des églises, en particulier de l'Église catholique, et leur ignorance des réalités et objets de cette religion :
[U]n garçon qui la visitait s'est dit tout déçu de constater que le calice n'était qu'un objet banal. «Il pensait peut-être que c'était un objet qui jetait des flammes», dit Olivier Bauer, professeur à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l'Université de Montréal [...].
J'avais remarqué cette ignorance durant les dernières années de mon enseignement à l'université quand, analysant « Harmonie du soir » de Baudelaire, je me vis demander par les étudiants ce qu'était un « ostensoir », ce qu'était un « encensoir ».
Lisez le poème:
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Certains éléments parmi les plus intéressants de ce « pantoum » d'une forme particulière échappent dorénavant à la compréhension immédiate des Québécois des nouvelles générations.
Deuxième citation sur l'origine des jurons dans chaque pays:
Selon Olivier Bauer, originaire de la Suisse et arrivé au Québec il y a quelques années, les peuples ont tendance à jurer avec ce qui leur fait peur. « Les Anglo-Saxons jurent avec le sexe, les Québécois jurent avec l'Église et les Allemands jurent avec les mots liés aux toilettes », dit-il.
Les peuples ont tendance à fabriquer leurs jurons avec ce qui leur fait peur.
C'est vous dire comment l'Église catholique s'est historiquement imposée aux Québécois.
P.S. De quoi les Français ont-ils peur avec leur « putain », leur « putain de merde », leur « bordel » et leur « bordel de merde » (en oublié-je?) qui paraissent bien inoffensifs aux Québécois ? De l''amour vénal ? Des maladies vénériennes ? À eux de répondre !
Voici comment on annonce cette exposition (dont vous apprendrez ainsi le titre) sur le site du musée (ici) :
Deux citations tirées de l'article qui me semblent d'un intérêt particulier.
D'abord ceci qui nous apprend l'éloignement abyssal des jeunes Québécois à l'égard de la religion et des églises, en particulier de l'Église catholique, et leur ignorance des réalités et objets de cette religion :
[U]n garçon qui la visitait s'est dit tout déçu de constater que le calice n'était qu'un objet banal. «Il pensait peut-être que c'était un objet qui jetait des flammes», dit Olivier Bauer, professeur à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l'Université de Montréal [...].
J'avais remarqué cette ignorance durant les dernières années de mon enseignement à l'université quand, analysant « Harmonie du soir » de Baudelaire, je me vis demander par les étudiants ce qu'était un « ostensoir », ce qu'était un « encensoir ».
Lisez le poème:
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Certains éléments parmi les plus intéressants de ce « pantoum » d'une forme particulière échappent dorénavant à la compréhension immédiate des Québécois des nouvelles générations.
Deuxième citation sur l'origine des jurons dans chaque pays:
Selon Olivier Bauer, originaire de la Suisse et arrivé au Québec il y a quelques années, les peuples ont tendance à jurer avec ce qui leur fait peur. « Les Anglo-Saxons jurent avec le sexe, les Québécois jurent avec l'Église et les Allemands jurent avec les mots liés aux toilettes », dit-il.
Les peuples ont tendance à fabriquer leurs jurons avec ce qui leur fait peur.
C'est vous dire comment l'Église catholique s'est historiquement imposée aux Québécois.
P.S. De quoi les Français ont-ils peur avec leur « putain », leur « putain de merde », leur « bordel » et leur « bordel de merde » (en oublié-je?) qui paraissent bien inoffensifs aux Québécois ? De l''amour vénal ? Des maladies vénériennes ? À eux de répondre !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire