dimanche 27 septembre 2009

Paroles des dieux

Deux oiseaux grecs sur un fil.
Des oiseaux ordinaires (cela est peu probable en Grèce) ou des dieux anciens en visite incognito parmi les humains, qui jadis leur rendaient un culte et qui maintenant ne croient plus en eux?
Et quelles sont les paroles qu'ils semblent s'échanger ?
Des pépiements d'oiseaux ou de ces poèmes que se récitent les dieux pour passer l'éternité maintenant qu'on les a chassés du temps ?
Un poème* de Cavafis (qu'on transcrit parfois en Cavafy) ?



Απολείπειν ο θεός Aντώνιον
 

Σαν έξαφνα, ώρα μεσάνυχτ’, ακουσθεί
αόρατος θίασος να περνά
με μουσικές εξαίσιες, με φωνές—
την τύχη σου που ενδίδει πια, τα έργα σου
που απέτυχαν, τα σχέδια της ζωής σου
που βγήκαν όλα πλάνες, μη ανωφέλετα θρηνήσεις.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που φεύγει.
Προ πάντων να μη γελασθείς, μην πεις πως ήταν
ένα όνειρο, πως απατήθηκεν η ακοή σου·
μάταιες ελπίδες τέτοιες μην καταδεχθείς.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
σαν που ταιριάζει σε που αξιώθηκες μια τέτοια πόλι,
πλησίασε σταθερά προς το παράθυρο,
κι άκουσε με συγκίνησιν, αλλ’ όχι
με των δειλών τα παρακάλια και παράπονα,
ως τελευταία απόλαυσι τους ήχους,
τα εξαίσια όργανα του μυστικού θιάσου,
κι αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που χάνεις.
 



Antoine abandonné par le dieu

Lorsque soudain à l'heure de minuit,
tu entendras passer la troupe invisible
dans un cortège d'exquises musiques et de voix -
ne te lamente pas en vain sur ton sort,
ton destin qui t'abandonne,
tous tes desseins qui partent en fumée.
Avec courage,
comme quelqu'un qui s'y attendait,
fait tes adieux à Alexandrie
qui s'éloigne de toi.
Surtout ne t'abuse pas, ne te dis pas
que ce n'est qu'un rêve
que tes oreilles se sont trompées ;
ne daigne point avoir tels vains espoirs.
Comme si tu t'y attendais depuis toujours,
avec le courage
de quelqu'un qui fut digne de cette ville,
approche-toi d'un pas ferme de la fenêtre
et écoute avec émotion,
sans te laisser aller aux invocations des lâches
- leurs lamentations ! -
écoute comme une ultime jouissance
les instruments exquis de la troupe secrète
et fait tes adieux à Alexandrie que tu perds.

 

Traduit par François Sammaripas

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