lundi 24 août 2009

Botero et Baudelaire: le laid, le difforme, le répugnant, etc.

C'est un timbre émis par la Poste française en 2002 et publié dans la rubrique « Galerie d'art » de la colonne de droite de ce blogue hier par un effet du hasard.
J'ai souvent parlé d'œuvres de Botero (faites une recherche au moyen du module « Rechercher dans ce blogue », également dans la colonne de droite, vous serez édifiés) et j'ai l'intention de le faire chaque fois que l'occasion m'en sera donnée.
Je me posais des questions jusqu'à tout récemment sur cet intérêt que j'éprouve à l'égard de l'œuvre de cet artiste.

Puis j'ai eu l'idée de le mettre en relation avec un autre artiste dont j'aime l'œuvre, Charles Baudelaire et « Les Fleurs du mal », ce recueil que j'ai voulu acquérir dès l'âge de 15 ans, en même temps que d'autres œuvres interdites.
Baudelaire qui désirait faire porter sa poésie sur ce que la poésie méprisait jusqu'à lui : le laid, le difforme, le répugnant, le mal, l'horrible, le prosaïque bref (autre nom de la réalité?).
Ce que le roman privilégiait quant à lui et croyait son domaine exclusif.

Mais la poésie était elle aussi soumise à ce mouvement irrépressible de l'art qui est de produire ce qu'on appelle de « la beauté » même dans ce qui, croit-on, n'en a pas.
En réalité la beauté c'est l'œil qui la crée, comme il crée toute chose puisque l'œil est littéralement une extension du cerveau affleurant deux fois (divine dualité) à la surface de notre visage pour structurer le monde et, ainsi, le créer.
On peut voir dans le poème « La Géante », que je vais vous présenter, l'un des éléments des « Fleurs du mal » où le poète se rapproche le plus de l'œuvre de Botero. Il y en a bien d'autres.

La Géante

Du temps que la Nature en sa verve puissante

Concevait chaque jour des enfants monstrueux,

J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,

Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.




J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme

Et grandit librement dans ses terribles jeux;

Deviner si son cœur couve une sombre flamme

Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;



Parcourir à loisir ses magnifiques formes;

Ramper sur le versant de ses genoux énormes,

Et parfois en été, quand les soleils malsains,




Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,

Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,

Comme un hameau paisible au pied d'une

[montagne.



Est-ce la Géante dont parle le poème?

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