mercredi 19 janvier 2011

Quantité=qualité (ou «Big is beautiful»)?

Lisez-vous bien la raison pour laquelle le rédacteur (ou la rédactrice, ne soyons pas sexiste) de MontréalPlus.ca me recommande par courriel d'aller voir James Blunt?
Je vous le répète au cas où: «Avec des ventes colossales de 19 millions d'albums, James Blunt est sans conteste l'un des plus talentueux auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération.»
Est-ce que je comprends bien: parce qu'il fait des ventes colossales, James Blunt serait l'un des plus talentueux auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération?
Si tel est le message je trouve ce rédacteur (ou cette rédactrice) bien naïf (ou bien naïve): la qualité de quelqu'un ne provient pas vraiment de la quantité de personnes qui achètent ses disques (ou assistent à ses spectacles).
Surtout si on ne sait pas ce que sont ces personnes.
Un mouton n'est pas plus intelligent (ou talentueux) parce que tous les membres de son troupeau le suivent (et se noient) quand il se précipite à la mer parce qu'il a peur.
À moins que l'on ne se trouve devant la quatrième loi de la dialectique selon laquelle la quantité se transforme en qualité.
Mais je ne crois pas que cela s'applique à l'art et à la musique en particulier.
Ou aux troupeaux de moutons.
Ne me parlez pas du talent des colossaux vendeurs de disques ou des colossaux vendeurs de livres (je veux dire les écrivains à succès) ou des colossaux vendeurs de biens: je ne vous crois pas.
Ni Walmart, ni McDonald ne sont talentueux.
Et une superproduction hollywoodienne qui fait plusieurs milliards de bénéfices n'est pas nécessairement du cinéma talentueux, ni même du cinéma (je suis sûr que le rédacteur ou la rédactrice ne me croit pas).
Et un gros compte en banque n'indique pas le talent de son titulaire.
Notre rédacteur (ou rédactrice) montréalais(e) a l'esprit bien infecté par ce qu'on pourrait appeler le virus étasunien («Big is beautiful»).
C'est le virus de l'obésité.
Peut-être aurait-on été plus véridique si on avait écrit: «
Malgré des ventes colossales de 19 millions d'albums, James Blunt est sans conteste l'un des plus talentueux auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération.»
Lui-même aurait sans doute préféré cette formulation.
(Mais pas Celine ou Rene -les accents manquent volontairement).

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