À ce tableau de Jacopo Amigoni, il ne manque qu'un seul acteur de ce billet, le mélancolique Philippe V d'Espagne, le duc d'Anjou des mémoires de Saint-Simon, et qui mérite les vers sur les royautés folles de «la Chanson du mal aimé» de Guillaume Apollinaire:
Luitpold le vieux prince régent(J'ai mis le portrait de Philippe V en bas).
Tuteur de deux royautés folles
Sanglote-t-il en y songeant
Quand vacillent les lucioles
Mouches dorées de la Saint-Jean
Dans le tableau, il y a en effet Métastase, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance (1698) et qui est le prétexte de ce billet (le curé à gauche).
Il y a aussi Farinelli (à droite de la jeune femme, Teresa Castellini *), le célèbre castrat qui a interprété pour Philippe V, chaque soir au coucher du soleil, pendant plus de dix ans, l'air que je désire vous présenter, composé par Hasse sur des paroles de Métastase et qui guérissait, pour la nuit, le roi de sa mélancolie et de la perte de son grand-père, le roi-soleil, et de la perte du noyau de sa vie.
(Il y a aussi le peintre du tableau, Amigoni, le chien et le page de Farinelli à droite).
Et voici l'air de Hasse, «Pallido il sole», interprété par le contreténor Andreas Scholl, ainsi que les paroles italiennes de Métastase suivies d'une traduction française.
On retrouve dans les paroles toute l'horreur mentale ressentie (j'imagine) par Philippe V.
Pallido il sole
Pallido il sole, torbido il cielo,
pena minaccia, morte prepara,
tutto mi spira rimorso e orror.
Timor mi cinge di freddo gelo,
dolor mi rende la vita amara,
io stesso fremo contro il mio cor.Pâle le soleil
Pâle le soleil et sombre le ciel,
l'enfer menace, la mort guette,
tout m'inspire remords et horreur.
La peur m'enveloppe dans un froid glacial,
la douleur me rend la vie amère,
je frémis à mes propres sentiments.
* Teresa Castellini: prima donna de l'Opéra de Madrid quand Amigoni a peint le tableau.
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