Le président actuel de la République française, Nicolas Sarkozy, est véritablement comme la mouche du coche.
Je sais, le rapprochement a souvent été fait mais on peut encore le vérifier ici au Québec où il vient, en coup de vent (où ne va-t-il pas en coup de vent? N'importe quoi lui est prétexte à partir vite! Éjaculateur précoce?), participer brièvement au Sommet de la Francophonie (un autre théâtre l'attend, d'autres caméras tournent déjà).
Sur la tribune, comme sur la scène internationale, il s'agite, dit ceci, dit cela, dit le contraire de ceci et le contraire de cela, parle à celui-ci, parle à celui-là, sourit, ne sourit pas, avance, recule, va de ce côté-ci, va de ce côté-là...
Et tout cela toujours avec au moins un œil immobile -tantôt celui-ci, tantôt celui-là- fixé sur les objectifs des caméras et des appareils-photos, -tantôt celui-ci, tantôt celui-là-, tentant tantôt de les ramener vers lui quand ils sont fixés ailleurs et tantôt de les garder sur lui quand ils semblent vouloir se fixer ailleurs.
Tout lui est motif d'agitation, c'est-à-dire de gesticulation. Pour des fins de communication.
La crise actuelle, il s'agite et gesticule tant que lorsqu'elle se résoudra il dira que c'est grâce à lui.
Il se mêle d'ailleurs de toutes les crises qui sont à sa portée et même de quelques autres, pour donner l'impression que c'est grâce à lui qu'elles se résolvent.
Évidemment cela fait changement avec l'inactivité têtue de son prédécesseur, Jacques Chirac, toujours empressé (avec une componction qui ne lui seyait guère), de ne pas déplaire à sa belle-famille, comme Rastignac (dans Balzac, quelle suite de «-ac»! On dirait des «couacs») à la famille Nucingen.
On dirait qu'aucun président qui se réclame du Général de Gaulle ou, du moins de sa famille politique (il doit se retourner dans sa tombe), n'arrive à faire ce que celui-ci aurait fait (Pompidou était un valet de naissance avec un vernis littéraire, qui aurait mieux fait comme «secrétaire perpétuel» de l'Élysée).
Seuls Giscard d'Estaing ou Mitterand (qui n'étaient pas de sa famille politique, loin de là) ont réussi un peu à lui succéder.
Pour en revenir à Sarkozy et au rapprochement avec la mouche du coche, on fait souvent ce rapprochement sans citer la fable (pour les non-littéraires, elle est de La Fontaine, un presque contemporain de Pierre Corneille et de François de Malherbe que vous avez rencontrés dans des notes de cette semaine -ce doit être ma semaine 17e siècle français).
La voici, lisez-la avec Sarkozy en tête, c'est hallucinant.
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! Une femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail, le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Çà, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.
Et, à ce que je vois, il y a des amis riches qui lui disent ce qu'il faut dire et lui font faire ce qu'il faut faire dans chaque pays, même en France.
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