jeudi 2 octobre 2008

Federico Garcia Lorca et l'Espagne -ce que je crois

La statue de Federico Garcia Lorca Plaza Santa Ana à Madrid. Je n'ai pas vu de statue de lui à Grenade, sa patrie pourtant.
Pendant le voyage en Espagne dont je rentre les journaux parlaient du fait qu'on allait tenter de retrouver son corps dans la fosse commune où on l'avait jeté avec d'autres après l'avoir fusillé.
Naturellement, ce sont les nationalistes franquistes qui l'ont fusillé et ses oeuvres ont été somme toute interdites (ou publiées censurées) pendant tout le règne de Franco, l'infâme et honteux Franco dont il existe encore des statues, m'a-t-on dit, dans des villes que je n'ai pas visitées (et que je ne visiterai pas).
Les journaux disaient que sa famille n'avait jamais demandé à ce qu'on recherche son corps et qu'elle ne le demandait pas encore.
Il s'agit d'une famille riche d'Andalousie qui, m'a-t-on encore dit, avait des sympathies franquistes et avait sans doute honte que soit sorti d'elle:
1. un poète
2. un homosexuel
3. qui avait des sympathies pour les déshérités.
Je connais peu Garcia Lorca. J'ai vu de ses pièces à la télévision, sans vraiment les aimer. J'ai lu certains de ses poèmes mais la poésie traduite n'est jamais vraiment extraordinaire et je ne connais pas assez le castillan, hélas, pour lire ses textes dans leur langue originelle.
Mais je sais que sans doute (et c'est ce que sa statue à Madrid signifie, je crois) il a d'ores et déjà apporté beaucoup à l'Espagne -à cause de ce qu'il était et de ce qu'il écrivait- dans le respect des droits humains.
Il contribue aussi par son œuvre et sa mort à purger l'Espagne de ce qui lui reste encore de l'horrible maladie franquiste et catholique qui l'a terrassée non seulement sous Franco, mais sous tous les rois catholiques (les Castille, les Aragon et, surtout, les Habsbourg ainsi que ces trois-quarts Habsbourg que sont les Bourbons après Louis XIV) qui l'ont unifiée et l'ont écrasée de leurs niaiseries pieuses (et meurtrières, rappelez-vous l'Inquisition) et de leur maladive sexualité pendant tant de siècles.


Sonnet de la guirlande de roses


Cette guirlande ! presse-toi ! je meurs !
 

Tresse-la vite ! chante ! gémis ! chante !
Je sens l’ombre qui vient troubler ma gorge
et c’est Janvier qui luit pour la millième fois.

De moi à toi, de je t’aime à tu m’aimes,
un souffle d’astre et un frisson de plante,
une épaisseur d’anémones me font
gémir obscurément une année toute entière.

Jouis du frais paysage de ma blessure,
brise des joncs et de fins ruisselets,
et bois le miel de mon sang répandu.

Mais hâte-toi, pour que, dans une étreinte,
bouches brisées d’amour, âmes mordues,
le temps nous trouve ensemble déchirés.


Traduction d’André Belamich

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