Pour moi, le véritable cinéma aura toujours quelque chose à voir avec la Nouvelle Vague française, née à la fin des années cinquante et au début des années soixante.
Bien sûr c'était mon adolescence et c'est à cet âge que l'on vit les expériences intellectuelles (entre autres, mais je ne parlerai pas des autres expériences maintenant, plus tard peut-être) qui vont marquer toute votre vie.
Cette relation entre cinéma et Nouvelle Vague, je la dois sans doute au Père Gilbert Trépanier qui avait organisé pour les étudiants du Collège de Jonquière, mais aussi pour les personnes intéressées de la ville, un ciné-club où il présentait les films français de l'époque.
Les projections organisées par ce ciné-club se faisaient dans un cinéma commercial de la ville -le cinéma Centre, rue St-Dominique- car le Père Trépanier ne pouvait pas les présenter à l'intérieur du Collège.
Voici pourquoi (et vous allez reconnaître ici -ou connaître si vous n'y avez pas vécu- le Québec d'avant les années soixante).
Une première projection de film avait été faite à l'intérieur du Collège.
À la suite de cette projection, Marius Paré, l'évêque du diocèse -dont ne dépendait pas le Collège de Jonquière qui était dirigé par une communauté religieuse indépendante de l'évêque, les Oblats de Marie-Immaculée- avait parlé du Collège comme d'un collège «communiste».
Dans sa bouche, comme dans la bouche des religieux de ce temps et de leurs affidés, c'était l'injure suprême.
Comme tous les évêques dont j'ai pu suivre les carrières, les discours et les sermons (et cela comprend les papes, les archevêques et les cardinaux), Marius Paré n'était pas très intelligent: il était croyant, c'est tout dire.
Ce manque d'intelligence le rendait dangereux (et les autres le sont tous aujourd'hui, autant que lui).
Le ciné-club du Père Trépanier s'était donc détaché du Collège et, se «laïcisant», avait migré hors du Collège, vers le cinéma Centre (détruit depuis: punition divine?).
Peut-être avait-il été placé sous la responsabilité de laïcs incroyants ou sceptiques qui échappaient ainsi un peu à l'autorité de l'évêque (mais c'était dangereux pour eux: ils pouvaient éventuellement souffrir de discrimination ou d'humiliations, comme dans un État totalitaire).
Ah! qu'il est bon que ce temps soit disparu malgré la présence incongrue aujourd'hui de toute la tribu sacerdotale.
Parlons de choses plus intéressantes.
Je présenterai éventuellement dans d'autres notes des films présentés par ce ciné-club qui ont eu une grande importance pour moi.
Pour le moment je veux juste présenter le film «Ascenseur pour l'échafaud» de Louis Malle.
Ce film était une sorte de tragédie moderne avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet.
Le personnage principal -après avoir commis un meurtre- était conduit à l'échafaud par une panne d'ascenseur.
Tout le film était un long «suspense», scandé par la musique improvisée pour le film par un «quintet» dirigé par Miles Davis.
C'est cette musique qui importait dans le film, l'histoire n'étant pour ainsi dire que le prétexte de cette musique.
Ce n'est sûrement pas ce que désirait le réalisateur du film, mais c'est ainsi que tout m'est apparu: de la musique ayant le visage de Jeanne Moreau et de Maurice Ronet (surtout).
Voici les visages:
Et voici le film-annonce de la version américaine du film:
Voici la représentation du «suspense» du film (en deux photos):
Et voici -sur un lecteur Deezer- un des thèmes du film qui en révèle le battement profond:
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